
Tour d'Europe du nord
boucle au départ de Mauves-sur-Loire
semaines 29 à 33
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Lundi 30 octobre : Ligny-en-Barrois > Moncetz-l'Abbaye
Journée un peu pauvre qui m'a conduit sans vent ni pluie à suivre la Nationale 4 et son bruit difficile. Par conséquent j'ai modifié mon itinéraire à Ancerville pour revenir sur le placide canal de la Marne au Rhin, ici nommé "canal entre Champagne et Bourgogne", et subir pluie, vent à contre et... le bruit presque permanent des mouvements tonitruants des avions de combat à réaction de la base de Saint-Dizier.
Le bon point d'aujourd'hui ? Un camping permanent, attractif (dont wifi et salle de pause) où je passe une bonne soirée à l'apéritif avec le patron, Alain, et la presque totalité des campeurs : Sandra & Tito (en chalet), Catherine et Francis (en van). Manque un couple et leurs trois enfants en chalet.

pause café sur une aire de repos de la N4
(suis entré par les grillages éventrés)
Mardi 31 octobre : Moncetz-l'Abbaye > Viâpres-le-Petit
Journée dans le vent avec des paysages assez attrayants lorsqu'on se situe au creux des vals, nettement plus rébarbatifs et désolants sur les hauteurs des collines en exploitations agricoles intensives.
Le soir, à la nuit, je me présente chez Eric et Véronique, en WarmShowers, alors que je n'ai pas confirmation. On m'accueille avec étonnement, pensant à une réservation pour demain. Je ne vérifie pas sur le site. En réalité, ils n'ont pas reçu mes messages... et attendent bien un voyageur à vélo, mais allemand et pour demain. Ils ont l'extrême gentillesse de me garder. Je bénéficie d'un bon repas, d'une chambre pour la nuit et du petit déjeuner. Merci beaucoup pour leurs adaptabilités et leurs sens de l'accueil.

plantage au matin
seule tente dans ce camping permanent

champagne non vinicole
morne plaine
Mercredi 1 novembre : Viâpres-le-Petit > La Ferté-Gaucher
Bis repetita, si ce n'est que le vent fut globalement un peu portant, résultante d'une navigation à contre en travers avant pendant un tiers du temps, puis travers arrière par légère inflexion de l'origine du vent et simultanément de mon itinéraire d'un huitième de tour plus nord. Les paysages sont du même ordre qu'hier, en bord d'Aube, ou canal de liaison de Haute-Seine, ou pour finir ici une rivière peu large nommée Seine.
Je reçois un grand nombre de messages m'exhortant à m'abriter sérieusement pour cause de tempête. Je fouille, je cherche, difficile un jour férié et finis par trouver par nuit noir un hôtel perdu mais abordable en bordure du circuit automobile et de l'aérodrome, les deux en désuétude, autrefois célèbre de La Ferté-Gaucher.



la piste locale cyclable
en bordure du canal de Haute-Seine
confluent de la large Aube, au fond,
avec la petite Seine, au premier plan
église sans clocher


je traverse sous la pluie, une (sinon la) des dernières communes à l'ouest de l'appellation champagne
à Béthon


chercher la chèvre !
souvenir des mornes plaines à betteraves sucrières (engrais vert de moutarde, pomme de terre, choux à vache) et unique ombre portée de la journée
Jeudi 2 novembre : La Ferté-Gaucher > Esbly
Il me semble impossible de rouler ce matin. Pour ici, Windy, après avoir rétrograder dans la nuit la tempête de 120 à 80 km/h en rafales, l'a augmentée à 90 ce matin, ne prévoyant 60 qu'à partir de 20 heures, alors que sans ce vent il ne me faudrait que quatre heures pour rejoindre Héloïse la fromagère à Esbly près de Meaux.
Après avoir libéré la chambre, j'use du pôle internet de l'hôtel pour mettre à jour le site. Je pars à 12h15, juste à l'arrêt de la pluie. Les trois premiers quarts d'heure est innommable à 7,5 km/h de moyenne. À ce rythme, si je n'ai pas

d'accident lors d'une bourrasque sur ces routes sans pistes cyclables, je calcule arriver au moins une heure et demie après le coucher du soleil. Fort heureusement les traversées de nombreux bourgs et quelques bois me protègent du vent. Quelques fois même, je bénéficie d'un travers arrière.
Je parviens chez Héloïse et Tristan avant le crépuscule. Nous prenons l'apéro, dînons (raclette !) joyeusement et discutons.
Vendredi 3 novembre : Esbly > St-Germain-lès-Corbeil
Tristan décolle à 7 heures, Héloïse un peu avant 8. Si fait qu'à 8, je roule. Les côteaux de la Marne sont assez pentus, surtout durables. J'effectue un arrêt petit dèj' à Lagny. De fait toute la matinée, les bourgs se suivent, touche à touche il n'existe plus de campagne : Couvray, Chalifert, Chessy, Montévrain, Lagny, St-Thibault, Torcy, Noisiel.
Je parviens à Noisy-le-Grand, en limites de Bry et Émerainville, vers 11 heures pour un rendez-vous déjeunatoire avec mon ami Bruno qui travaille désormais
dans le secteur. Merci à lui pour son invitation et son cadeau : un drapeau breton !
Les maisons se suivent ensuite toujours sans discontinuer : Villiers, Chennevières, Sucy, Bonneuil, Limeil-Brévannes, Villeneuve-St-Georges, Vigneux, Draveil, Soisy. Pour moi, depuis hier l'affreuse Coulommiers, je suis à Paris... et je n'apprécie pas les grandes villes. Je suis heureux d'avoir revu Héloïse et Bruno, mais sans eux, après Saint-Dizier j'aurais piqué directement sur Blois.
J'aurais pu planter à Etiolles en bord de Seine, mais l'Île-de-France ne me rassure, à tort ou à raison, jamais. S'ajoute la certitude de pluies demain, une certaine lassitude du bivouac, l'omniprésence des maisons sans âmes, lotissements désagréables, villes dortoirs, et au sol les immondices qu'on perçoit d'autant plus à vélo ou à pied. Décidément les pouvoirs publics ne jouent plus leurs rôles et stigmatisent les causes pour mettre de l'huile sur le feu.
Par triste facilité, je choisis un hôtel.

Samedi 4 novembre : St-Germain-lès-Corbeil
Il pleut dru toute la matinée, toujours gris l'après-midi très venteux mais plutôt sec. Je m'enferme dans ma chambre à terminer la mise à jour de ce site, pour mieux aussi fuir demain la région parisienne dans l'espoir d'une riante campagne moins humide (froid n'est pas un problème), plus ouverte, plus favorable pour planter la tente dans un joli environnement.
J'en profite également pour refixer le drapeau polonais et terminer par celui breton offert par Bruno. J'effectue un graissage des cuirs (chaussures, selle, guidolines) et constate les pièces totalement usées (il faut inclure les deux autres voyages) bonnes à changer en rentrant : plateau (14000 pour 10000 km max), chaîne (3000 pour 5000... mais sur les plateau et pignon en bons états), pignon à inverser (14000 pour 2x10000), plaquettes (bas de gamme) de frein qui recommencent à couiner, et commence l'inventaire des réparations diverses à effectuer cet hiver.
--- pas de photo ---
Dimanche 5 novembre : St-Germain-lès-Corbeil > Givraines
Si la ville de départ touche à l'immense Corbeil-Essonne, ensuite les bords de Seine (Le Coudray-Monceaux, St-Fargeau-Ponthierry) deviennent moins chargés en habitats, plus bucoliques, pour moi moins stressants. Presque brutalement, les paysages changent en abordant les forêts du Gâtinais durant 30 km, aussi par de jolis bourgs, par exemple les notables Milly-la-forêt (Essonne, ÎdF), Boissy-aux-Cailles (Seine-et-Marne, ÎdF), ou Augerville-la-Rivière (Loiret, CVdL), souvent en rive des rivières École puis de nouveau Essonne.
À Aulnay-la-Rivière en demandant des renseignements dans un bar, un client me propose spontanément de venir dormir dans la chambre de son beau-fils, parti ce soir dimanche rejoindre son université. J'y parviens sous nuit noire mais c'est un plaisir de discuter avec Aurore et Xavier, tout en admirant la petite dernière Izzy âgée de quelques mois.



retour du drapeau polonais et ajout du breton en bord de Seine
peu de temps sur l'EV3 Trondheim / St-Jacques-de-Compostelle (des Pèlerins ou Scandibérique)
maison secondaire de Claude François
à Dannemois-sur-École
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Lundi 23 octobre : Germersheim (Allemagne) > Riedsetz (France)
Ce soir je dors en France, 5,5 km après la frontière, chez Domie et Éric. Ce sont des cyclo randonneurs que j'avais reçus chez moi via WarmShowers en septembre de l'année dernière. Au départ de leur domicile en Alsace, Ils effectuaient un tour de Bretagne par la côte en sens horaire.
Je parviens chez eux juste à la tombée de la nuit. Quel accueil magnifique ! Quel sens du recevoir ! Outre une bonne douche de rigueur, j'ai pu bénéficier d'une tournée de lave-linge (merci Domie !) au séchage devant l'énorme poêle à feu par dessus, fabriqué par Eric qui était chaudronnier avant d'être actuellement à son compte comme menuisier-ébéniste. J'ai pu aussi admirer ses très belles pièces de tournage sur bois. Nous avons dîné excellemment (merci Domie) et discuté jusque tard. J'ai dormi dans une chambre, dans un lit, ce qui est bienvenu pour le bas de mon dos (vertèbre ≃S2, c'est nouveau ici pour moi) qui commence à accuser les 7 mois de vélo et presque 220 nuits sur le sol.


vues opposées du matin
le lac mon plantage


dernières images d'Allemagne
la dernière commune la frontière
Mardi 24 : Riedseltz > Mutzenhouse
Je discute avec Domie au réveil. Elle part rapidement au travail en Allemagne. Plus tard je prends le petit-déjeuner avec Éric qui à son tour rejoint un chantier en cours. Je reste seul à préparer mon vélo, nettoyer une mini catastrophe due à boîte de poisson en sauce qui s'était ouverte dans une sacoche, et tenter de mettre à jour le site. Pour finir je pars extrêmement tard, 12h45, mais cela m'a permis de revoir Éric qui rentrait déjeuner.
Le parcours fut marqué par la traversée de la campagne alsacienne environnante : une suite de villages (Ingolsheim, Shœnenbourg, Hermerswiller, Hohwiller, Reimerswiller, Schwabwiller), tous perchés sur chacun sa colline à grimper. Ensuite c'est 10 km dans la splendide forêt de Haguenau, la traversée de la ville du même nom pour rejoindre sous pluie battante Brumath puis Krautwiller, et enfin faire jonction avec l'EV5 (1) sur le chemin de halage en bord du canal de la Marne au Rhin (moi dans le sens inverse), ici en parallèle ou confondu avec la rivière Zorn.
Après une suite de demandes de renseignements infructueux pour planter, je félicite une promeneuse... de chat ! Lui posant ensuite l'éternelle question d'un lieu pour ma tente, elle m'indique un tertre avec tables en bout du port de l'écluse 42 où elle habite dans une péniche, parmi plusieurs autres. Plus tard elle vient m'offrir une bière, que je refuse, mais j'accepte avec grand plaisir des bretzels et un bol de soupe fumante ! Son mari et elle partant très tôt demain matin pour travailler à Strasbourg, je suis chargé de remettre le bol dans la péniche via la chatière. Si en plus j'ai droit à une séance de ronronthérapie, ce serait parfait...
(1) EuroVelo 5, dite Romea Francigena, de Canterbury en Angleterre sud-est à Brindisi en Italie sud-est. En France, elle va de Calais à la frontière belge, puis revient de Sarreguemines à la frontière suisse.






l'atelier de menuiserie et de tournage d'Eric
quelques objets de tournage

l'automne, cette fois c'est certain
(comme une envie de rentrer)

plantage du soir
Mercredi 25 : Mutzenhouse > Gondrexange
Je crois qu'il n'a pas plu cette nuit. Je m'attends à mettre le nez dehors avec une brume qui monte du canal, allongé à moins d'un mètre au-dessus du niveau de l'eau et à cinq du bord. Tout est humide dehors mais cela provient des nuages stagnants qui descendent très bas, léchant les collines boisées aux alentours. Je commence mon nécessaire cinéma habituel de rangement, paquetage et lutte anti humidité de la tente. Tiens, je ne vois plus le clocher du village... il commence à pleuvoir ! Affolé, tout est ouvert à l'air, j'accélère le rangement... mais non, c'était la brume de nuage. Le vélo est désormais bâté, sacoches étanches fermées, reste seulement la dernière qui recevra pour finir la tente à assécher. Mais cette fois, c'est bel et bien la pluie qui s'invite. Je plie les toiles totalement trempées, une horreur pour moi : danger de pourrissement, poids additif de l'eau (0,5kg ?), humidification du sac de compression de la toile qui va mouiller les autres sacs (duvet, matelas) à l'intérieur de la sacoche.
La journée est mal partie. Il pleut. Ça ne s'arrêtera pas jusqu'au soir, aucun vent d'abord, puis de plus en plus prégnant, à contre bien entendu.
Pourtant, ce fut une journée digne de grands intérêts par la qualité de différents paysages. En début de parcours, le chemin de halage est chose plaisante. Arrive ensuite la traversée de Saverne, qui bien que je n'aie pas pu visiter avec attention, me semble attirante et prometteuse. Après, c'est agréable et surprenant de s'enfoncer dans les montagnes de l'extrême nord des Vosges... sans subir de dénivelé, autre qu'un net et court raidillon sans aucune redescente, à chaque écluse.
Mais il pleut tant que les gouttes en tombant sur l'écran modifient l'affichage du GPS, lui même peu enclin à obéir à ma surmouffle de pluie. C'est simple, me dis-je, il suffit de longer le canal puisque de surcroît il n'existe aucune autre route. Je parviens à une large retenue d'eau, un bief, bordée d'un immense et très haut édifice que je juge être un barrage. Ce "Plan incliné", c'est son nom, prend physiquement en charge, par machineries mécaniques et hydrauliques, les péniches pour les hisser sur un nouveau canal en haut de la montagne !!! Les vélos, par contre, font demi tour et regardent un peu mieux les pancartes pour emprunter la bonne vallée, délicieuse, qui se révèle extraordinairement superbe, même sous la pluie. C'est "la Vallée des Éclusiers". Une merveille de 5 km le long de l'ancien canal asséché, ponctué d'un nombre impressionnant de ruptures de niveaux, au creux profond et encaissé de falaises d'une gorge sauvage où courent nombre de petites curiosités, des ponts et ponts-canaux ; le tout au cœur d'un écrin somptueusement arboré.
Je plante le soir sous la tonnelle d'un camping fermé, après, bien m'en a pris, l'autorisation d'un employé municipal qui y réside. J'ai dû, tard dans la nuit, fournir le bien fondé de ma présence à un sourcilleux campeur permanent.

plantage au matin

arrivée à Saverne

une écluse dans la Vallée des Éclusiers
et le seul abri du parcours

passage d'une péniche touristique
sous le pont de l'écluse 42

le Plan incliné et son bief
du canal actuel de la Marne au Rhin

entrée/sortie du tunnel principal du canal de la Marne au Rhin, ici doublé du rail Paris/Strasbourg

une aire de pique-nique très bien pensée
accessible exclusivement à pied ou à vélo

l'entrée sud-est de la Vallée des Éclusiers
4 ponts (5 niveaux) superposés !

la lieu de plantage du soir,
sous la tonnelle et sous la pluie
Jeudi 26 : Gondrexange > Ludres
Sous une tonnelle un peu trop étroite, outre chaque extrémité de la tente, je ne crains pas grand chose de la pluie qui débute dans la nuit. Par contre trois vêtements sont trempés (t-shirt LightWool, pull WarmWool, veste) pour cause de non imperméabilité réelle de cette dernière. J'ai séché le premier sur moi dans la nuit (1) mais sans source de chaleur les autres sont très humides au matin. Bien entendu je possède un change complet mais qui subirait rapidement le même sort puisque la pluie ne cesse pas, redouble même. Prêt à 9 heures, sans manger (2), j'attends sous l'abri en marchant les cent pas pour me réchauffer les orteils. La pluie n'offre pas le moindre répit, la météo prévoit une aggravation de 10 à 13 heures (jusqu'à 3,8 mm), une diminution de 13 à 15 (0,7 mm) pour un arrêt des intempéries à partir de 16 heures.
À 10H45 je ne tiens plus et rejoins sous la pluie l'unique commerce du village, une boulangerie... qui, bonne surprise, propose aussi épicerie et salon de café. C'est l'idéal pour moi.
Je repars sous la pluie. Au kilomètre 4, contre toutes attentes, les vannes célestes se ferment. Au kilomètre 6, sous ciel bas et gris, j'ai trop chaud et enlève le pantalon (me reste le pantalon de pluie et le cuissard) et le nouveau pull WarmWool (me restent le t-shirt LightWool et la veste). Après une heure, le vent désormais sec a asséché la veste ! Je la range et la remplace par le premier pull WarmWool trempé... Le froid de l'eau s'estompe en quelques minutes (difficiles) pour se ressentir en eau chaude (transfert de ma chaleur corporelle). En une heure, le pull est parfaitement sec !
La journée s'annonçait déplorable, elle deviendra assez agréable parce que totalement au creux des sinuosités du canal ; également par la rencontre d'un pèlerin allemand d'origine espagnol. Parti de Berlin, il a rejoint Saint-Jacques-de-Compostelle, puis le Mont-Saint-Michel. Là sur le retour, il aligne 18 mois de marche !
Malheureusement je termine dans la banlieue de Nancy sans le moindre abri ou même un emplacement sécurisé. Désormais les tertres de gazon des écluses, du côté opposé au chemin de halage, sont interdits d'accès. Nuit tombée, il ne faut pas me pousser pour la solution hôtel où je m'emploie à sécher nombre de matériels.
(1) la laine mérinos traité, particulièrement bactéricide, sèche aussi très rapidement (contrairement au coton), si peu toutefois comme tous les tissus, qu'une source de chaleur le permette.
(2) je ne dispose pas de toilettes. Je préfère m'abstenir de manger pour ne pas éventuellement déclencher une envie naturelle à effectuer dans la nature (sans problème, j'ai l'habitude) mais sous la pluie (moins agréable) avec une veste qui prend l'eau (🤬) qu'elle transmettra aux vêtements secs et chauds dessous (redhibitoire et dangereux).

lieu de plantage au matin
après remballe presque complète

un des obstacles fréquents ce matin

pot de colle
des voisins de la boulangerie

Écluse n°2 de Réchicourt-le-Château
moderne, elle remplace plusieurs anciennes écluses
Vendredi 27 : Ludres > Écrouves
Drôle de journée, rien ne s'est déroulé comme prévu. J'ai peu dormi à l'hôtel, je ne me sentais pas à ma place et j'ai fait des cauchemars. Dans la nuit, j'ai continué à œuvrer pour nettoyer, ranger et sécher. Au matin, j'ai tiré sur la corde, celle de l'heure limite de départ, pour compléter la semaine en cours sur le site.
Je décolle particulièrement tard (11h45 !) avec dans l'idée d'effectuer peut-être seulement une demi-journée de kilométrage (33 ?) sous des giboulées (toute la journée). Je termine de sortir de la périphérie de Nancy en rejoignant quelque temps le canal des Vosges (1), puis la Moselle canalisée, puis surtout ensuite un itinéraire cyclable somptueux le long de la Moselle, de Pont-Saint-Vincent jusqu'à Chaudeney-sur-Moselle.
Depuis hier soir j'en ai terminé avec les grands itinéraires cyclables européens (EV à 1 ou 2 chiffres) et les grandes Véloroutes françaises (V, parfois VR, à 2 ou 3 chiffres) (2) maintenant c'est local : LBM (La Boucle de la Moselle), CCMM (Circuit des Castors en Meurthe-et-Moselle).
La suite passe par Toul qui semble attrayante avec ses fortifications Vauban puis par la recherche d'un lieu de plantage au travers de peu de bois, strictement aucun abri et beaucoup de voies ferroviaires et autoroutes. De demandes en renseignements, une dame me propose gratuitement un (désuet mais hors d'eau et avec électricité) mobile-home ! C'est parfait et d'autant plus bienvenu que sans la bonne veste réellement imperméable, je crains désormais les fortes et surtout durables pluviométries... comme par exemple depuis deux heures que je suis à l'abri dans ce mobile-home et qu'il pleut hors à torrent sans discontinuer.
(1) ou canal de la Moselle à la Saône
(2) mais j'envisage la V52/VR52 dans quelques jours



canaux des Vosges et Moselle canalisé
au canal de jonction à celui de la Marne au Rhin

de g. à d. Pont-Saint-Vincent, la Moselle, la piste cyclable, la Moselle canalisée, Neuves-Maisons

autre pot de colle

de bonnes informations
si lecture complète
la Moselle
aucune erreur de cartographie ou GPS
la piste entre rivière et lac d'alimentation

l'automne

arrivée à Toul
Samedi 28 : Écrouves > Ligny-en-Barrois
Jusqu'au kilomètre 22 entre Void-Vacon et Ménil-la-Horgne, on suit de nouveau soit le canal de la Marne au Rhin, soit son canal d'alimentation, soit la Meuse. Ce pourrait être agréable si cela n'avait trop souvent cesse de longer la tonitruante donc fatigante Nationale 4, et si le balisage était seulement présent ! C'est mon application qui m'informe que je roule sur la V54 (je pensais qu'elle commençait plus tard) et/ou sur l'EV19. Je ne savais même pas qu'elle existait, il s'agit d'une Rotterdam > Langres, dit "La Meuse à vélo" ; existante donc, mais sur le terrain invisible en France...
Outre un calme, une forêt, une crête, tous remarquables, des km 22 au 25 (à Méligny-le-Grand) on change de vallée par une côte de 4400 mètres et 121 mètres d'élévation continuellement positive (soit 3% moyen) avec vent de face violent : un effort musculaire notable et durable, vécu à 5 à 6 km/heure, à la limite du décrochage d'équilibre.
Suivent les petites vallées de Méligny puis Barboure, somptueuses de beauté et d'isolement en campagne profonde et dépeuplée avant de retrouver le canal de la Marne au Rhin (alimenté ici par l'Ornain) et la V52 à Naix-aux-Forves, puis Menaucourt (où une chambre d'hôte à micro prix s'avère fermée), Givrauval (et début de pluie battante), enfin Ligny-en-Barrois où, erreur d'information, le camping municipal a fermé ses portes (et tous ses accès) le 30 septembre, non pas le 30 octobre, et où trois accessibles autres chambre d'hôtes ne sont plus disponibles.
Je finis dans un opportun grand hôtel très (très très) vieillissant de centre ville, ouvert mais sans le montrer, à un prix intermédiaire entre le camping et gîte d'étape économique ! Je suis moralement fatigué de cette conjonction vent de face, pluie, veste non imperméable, et, somme toute le pays France peu accueillant en terme de services : je suis loin de la pléthore d'abris des Finlande, Estonie, Lettonie, Lituanie et Pologne, et du beau temps de septembre à début octobre. Plus prosaïquement, j'ai du mal à me faire à l'idée que le voyage se termine.
Aussi, averti dans la nuit par SMS que je retrouve l'usage sans coût additif de mon forfait """illimité""" téléphonique (1), je décide de rester un jour de plus sur place pour, outre me reposer, d'abord mettre à jour ce site et boucler la suite nocturne par une approche différente d'anticipations par les gratuits "WarmShowers" et "WelcomeToMyGarden"; quelques visites à des amis ou la famille, si nécessaire éventuellement "HomeCamper" et"Bienvenuealaferme".
(1) après 3 mois d'utilisation hors de France les coûts sont largement augmentés. La stricte non utilisation pendant au moins une période égale fait redescendre le forfait à son niveau initial.

un grand merci à cette famille
pour le mobile-home au fond du jardin

pour moi, une information de très mauvaise qualité de la DDE Meuse...

... qui ferait mieux d'entretenir correctement les acquis

pause en milieu de côte
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(1) deux tiers du temps à vélo en portant du sud-est puis le vent a tourné de l'ouest en contre ++
(2) dont 14 d'escaliers...
Lundi 16 octobre : Haina > Leimbach
Le thermomètre est descendu à 6° dans la tente intérieure ce matin, 9 après avoir tout paqueté. Sous beau lever de soleil, au point de rosée, à l'extérieur le compteur affiche 3° ! En effet l'origine d'un léger vent devient nord-est : un froid ouralo-sibérien.
Le voyageur s'appelle Tim, la trentaine, développeur informatique, en rupture d'on ne sait quoi. Il voyage à pied depuis septembre, sans fin programmée. Pour l'instant il vise la France puis l'Italie, c'est-à-dire le soleil pour l'hiver. Il dort toujours dans la nature, le plus souvent sur un hamac recouvert d'un tarp. Hier soir, il s'est fait surprendre par la nuit en recherchant les mêmes abris que moi. Nous petit déjeunons ensemble.
Ayant oublié de faire la photo souvenir, je prends une heure plus tard le même petit chemin sud-ouest que lui. Je ne le retrouve pas mais j'ai emprunté durant 10km une très petite route locale, merveilleusement belle en forêt puis goudronnée le long de la rivière... bordée des abris cherchés hier soir.
La journée sera sans pluie, avec vent malheureusement encore contre puisque repassé nord-ouest, mais heureusement moins puissant. L'itinéraire est très agréable en grande partie sur une piste pédestre et vélo, le long de grosses collines qu'il contourne sans cesse entre champs et forêts en collant aux courbes de niveaux, donc sans trop de dénivelés.
200 mètres après une pancarte qui indique l'ancienne séparation entre les deux Allemagnes, je plante encore à mon goût trop tardivement et avec trop peu de kilomètres. Ce soir je m'isole un peu de la vallée industrielle à l'orée de la partie supérieure d'un gros bois, sur un terrain privé de hautes herbes avec quelques ruches.


élevage de cervidés
(lâchés ensuite pour la chasse)

fameux château de Wartburg
près d'Eisenach
l'itinéraire épouse une courbe de niveau
entre forêt de colline et champs de vallée

belles mais inquiétantes couleurs d'automne
au pays des températures non bretonnes

les Carpates ! Déjà ?

l'église d'Hörschel est bien plus haute que le pont plus grand que celui de Millau

terril en fin de vue et de journée

traversée de vallée
pour rejoindre le relief opposé


ancienne frontière des deux Allemagnes

plantage du soir
et vue opposée de la mine, l'aciérie et son terril
Mardi 17 octobre : Leimbach > Steinhaus
Début de matinée très difficile ( je ne me plains pas, je constate) où il s'agit de s'habiller par 8° dans la tente, puis par 4° d'œuvrer comme d'habitude mais dans un brouillard particulièrement dense, sans vent, donc humide et persistant.
Dès les tout premiers kilomètres, j'ai vraiment froid aux extrémités. Avec la chance de tomber sur un supermarché, je prends beaucoup temps pour acheter peu. Il s'agit de réchauffer les 15 doigts et le moignon. Puis à l'abri de l'auvent du magasin, je petit déjeune puis réorganise mes sacs en version printemps du départ, c'est-à-dire avec les habits chauds accessibles, dont des gants (1). Grosso modo quand on ouvre la sacoche "vêtements" on tombe immédiatement sur la doudoune, non plus sur le maillot de bain. Le brouillard s'est levé en début d'après midi, laissant place à un très léger vent arrière (youpi), froid (pas grave), et à un magnifique soleil, chaud quand on n'est ni à l'ombre, ni en forêt, ni en descente...
La majeure partie de la journée se déroulera dans un environnement magnifique d'orées de forêts caduques, de bords de rivières Werra, Ulster et Aune, sur des pistes dédiées ; souvent la future EV13 (2).
La dernière quinzaine de kilomètres traverse savamment de nombreuses villes, périphériques aux grandes Hünfeld et Fulda, mais trop proches à mon goût des grands axes bruyants. À l'endroit où mon itinéraire est commun avec celui pédestre de pèlerins (3), je déniche en me déroutant de seulement 150m, un lieu convenable en orée de forêt proche d'une table abritée (4). J'étudie avec précision mon plantage : sous les arbres pour ne pas subir la rosée, mais ouvert sur une orientation Est pour sécher la tente au soleil levant.
(1) j'en ai 5 dont 4 trouvés sur la route : toile épaisse tout-terrain et cuir, genre gros œuvre ; toile fine extensible, grip et tactile, genre jardinage léger mais tactile pour l'écran du téléphone ; moufle laine ; sur moufle de pluie ; faux cuir et grosse toile dans la sacoche "dormir" pour enficher et enlever les sardines si besoin dans la boue.
(2) très bien balisée de noms locaux (R3, par exemple) ou du Land traversé... très peu en EuroVelo13 (dit "Euro Vélo du Rideau de Fer" de la Laponie à la Grèce sur 10.000 kilomètres)
(3) ici le Trondheim (Norvège) à Saint-Jacques-de-Compostelle (Espagne), les "Petersberg" 5 et 7, le "Jakobswege-in-der-Rhön"
(4) pas de toilettes, pas de poubelles.



terrils

aussi à la ville de Philippe

enfin le vent souffle dans mon dos
(la preuve)


pause déjeuner
et vue opposée


je vais planter ici
et vue opposée
Mercredi 18 octobre : Steinhaus > Neuhof
Il a gelé cette nuit. Vers 5 heures pour pipi sous un magnifique ciel étoilé, je constate que la condensation à l'intérieur de la toile extérieure est figée, givrée. J'enfile la doudoune en plus (1) car j'ai un rien froid au dos. J'ai adoré le réveil, bien au chaud à regarder le franc soleil se lever sur la campagne en gelée blanche. La gestion du froid est bien plus agréable et intéressante que celle de l'humidité.
Par contre la journée fut chaotique. D'abord parce que j'ai perdu un temps fou dans Fulda à courir les établissements avec wifi (nommé W-Lan, ici) et parce qu'ensuite il semble que la campagne s'amenuise au profit d'une suite presque continuelle de bourgs assez moches et leurs zones industrielles.
Conséquence directe, je ne trouve absolument rien où planter si je veux m'éloigner du bruit démentiel de l'autoroute, de la nationale et de la ligne de chemin de fer. Je finis dans une auberge (dite "pension", surtout pas hôtel) à tout petit prix, toilettes et douche sur le palier, petit déjeuner et w-lan (prononcé vilän) inclus.
(1) outre le sac de propreté et le duvet, la tenue pour une nuit à 0° est composée pour les pieds de 4 paires de chaussettes (toutes en laine) ; pour le bas d'un slip en laine, du fameux WoolNet dessous de pantalon d'Aclima et de mon unique pantalon ; pour le haut de 5 couches composées du fameux Woolnet T-shirt manche longue d'Aclima, des 3 couches classiques d'Aclima (LightWool, WarmWool et HotWool) et de la doudoune ; pour la tête de la capuche du WarmWool et d'une autre additive. Pour info, à +5°, en moins 1 paire de chaussettes, le pantalon, la doudoune. En théorie, à -5°, je rajoute ma dernière paire de chaussettes, mon pantalon de pluie, je double les 3 couches classiques (tout mon change), j'ajoute ma moufle et je rentre le bas du duvet dans une sacoche. En théorie toujours, je n'ai pas le matériel pour du -10°, notamment un duvet plus performant (plus lourd et plus cher).


au même moment, vers 8h30 (lever du jour vers 7 heures)
la gelée blanche en plein champ pas sous les arbres
Jeudi 19 octobre : Neuhof > Oberrodenbach
Ça s'annonçait mal avec un ciel très menaçant et un itinéraire prévisionnel inintéressant, voire rébarbatif et pénible.
Concernant la météo, les nuées se sont retenues, plaisamment en léger vent sud-ouest portant. Le parcours me paraissait sur l'écran qu'une suite de villes, sans campagne, entremêlées de routes à forte circulation, d'autoroutes et de trains. Si ce fut bien le cas avec son lot de difficultés (1), il faut convenir que la presque totalité du kilométrage s'est, c'est heureux, déroulée sur des pistes cyclables séparées, même quelques fois à l'opposé des routes de la vallée, alors parfois en rives jolies de cours d'eaux. En forte densité de population, les bourgs deviennent par contre souvent anodins, sans caractère marqué, ceints de lotissements puis de zones industrielles. L'exception fut la magnifique Steinau-an-der-Strasse.
Par contre, trouver à planter dans la vallée devient problématique, voire impossible sans être repéré. À Langenselbold je décide de monter en forêt pour juger de l'unique abri repéré sur la carte de toute la journée ! Par chance il convient parfaitement, de plus sans bruit automobile ni ferroviaire... mais j'entends à merveille, issus de l'aéroport de Frankfort, les avions !
(1) les franchissements des routes et voix ferrées sont bien prévus et organisés mais un diplôme est nécessaire pour les aborder correctement. Par ailleurs, tous les feux sont dotés de poussoirs pour prioriser les passages piétons et vélos : ça fonctionne très bien... mais il faut attendre très longtemps pour passer !



sans commentaires
(j'en serais bien incapable)
abri ?
non, observatoire ornithologique

plantage du soir (dans l'abri)

plantage du coucher du soleil en face de l'abri
Vendredi 20 octobre : Oberrodenbach > Darmstadt
En pliant ce matin (avec pluie... mais pas sous l'abri), j'ai un peu parlé avec des personnes différentes tant l'endroit est le départ de nombreuses balades, dont une majorité de chiens qui promènent leurs maîtres. L'un d'entre eux, en admiration totale de mon voyage, a tenu impérativement à me remercier. Il m'a offert 20€, m'expliquant que ce cadeau n'était pas de l'argent mais ce que j'achèterai avec. Il me conseille d'ailleurs une bière et un bon cigare !
Je pars sous la pluie, le moral au niveau normal, ni bien, ni mal. Je me dis, et ce n'est pas bon signe, que désormais la suite du voyage n'a pour objectif que de rentrer à la maison, puisque les paysages ne me surprennent plus.
Je découvre une drôle de charcuterie qui fait un peu comme les boulangeries : salon. Leur logo vante les mérites d'un bon petit déjeuner à l'allemande : charcuterie, œufs et café. Curieux, mon billet de 20€ dans la poche, j'entre. C'est avant tout une charcuterie avec un choix incroyable, une boucherie aussi, un dépôt de pain également, des légumes cuisinés en accompagnements froids et un assez joli choix de fromages à la coupe. Je me suis donc offert un petit déjeuner, motivé par le café, et les légumes (bien sûr). Au moment de partir, à 11h30, c'est le défilé des enfants qui viennent acquérir leur déjeuner pour la très courte pause : ils achètent leurs hamburgers (faits maison) et attendent avec frénésie le cadeau de la charcuterie : une tranche de boudin blanc... C'est clair, je suis en Allemagne !
Les villes se suivent sans discontinuer, avec toutefois des forêts aux pistes cyclables pratiques, mais les champs et les fermes ont totalement disparu ! Cette région se présente comme particulièrement peuplée, on y travaille (tôt), on y fait du sport (l'après-midi) et on s'y couche tôt. Vu de mon biclou, rien ne justifie cette frénésie. L'exception paysagère fut aujourd'hui le centre touristique de Niederrondenbach.
Je perds du temps dans la très grande ville de Darmstadt à chercher du wifi pour connaître la météo : l'enseigne de super marché "Ingut" et le "KFC" ne fonctionnent inhabituellement pas. Pour finir "Netto" inhabituellement oui. Je perds du temps mais j'ai bien fait : pas de pluie avant 2 heures du matin malgré un ciel très menaçant... mais du vent à 65 km/h en milieu de nuit !
Je plante en forêt (c'est bien) dans un kiosque trop petit pour la tente (mais au moins je suis protégé), où ça sent l'urine de chien et la cigarette froide (c'est limite pour moi) à 250 mètres de la ville (dangereux un vendredi soir ?) et 500 de l'autoroute (très très bruyante).

un des édifices religieux de Grossauheim
en bord du Main

fréquent en Allemagne : la passerelle vélo et piéton
(où il s'agit de rendre service aux voitures)

et vue opposée
sur la centrale nucléaire

animaux orangés des bois
(sourire en option)
Samedi 21 octobre : Darmstadt > Bürstadt
La nuit a été marquée par la pluie et par un vent, selon toutes probabilités, puissant mais dont je n'ai pas ressenti la force au cœur de la forêt. Les cimes des arbres furent violemment secouées mais je n'ai surtout perçu de la tempête que ce bruit mêlé au loin à la circulation autoroutière.
En sortie de forêt, après les traversées de routes et autoroutes, je m'aperçois que le paysage change : les collines forestières s'amenuisent en superficie et hauteur, s'éloignent aussi. Je retombe dans une suite sans fin de bourgs dortoirs, séparés de champs plats presque sans haies : des jachères, des patates, des betteraves à sucre, des asperges, des choux kale, à vache, ou rouges pommés. Morne paysage, certes sous ciel sans pluie mais avec vent fort de face, qui me fait stopper deux heures dans la boulangerie d'un hypermarché, dotée du w-lan (wifi allemand) gratuit... mais d'une seule prise d'électricité pour toutes les tables.
Je me détourne le soir de la vallée pour rejoindre une forêt où trône un énorme abri. Bien qu'aucune précipitation ne soit annoncée, je plante sur une avancée de toit formant une sorte de préau ouvert, me préservant ainsi de la rosée du matin sur la tente intérieure.

plantage au matin
Dimanche 22 octobre : Bürstadt > Germersheim
Au matin, c'est le défilé des promeneurs, environ un groupe par minute, de, dans l'ordre décroissant numéraire : chiens, enfants, pieds (avec ou sans bâton, à des rythmes très différents) et diverses choses roulantes (dont vélos). On se méfiera des statistiques tant, par exemple, on peut aisément jogger avec un landau suivi de l'ainé(e) en vélo vert (peu de bleu versus rose, ici) et du chien. Sans compter qu'on peut faire un circuit, ou revenir sur ses pas.
La journée aurait pu n'offrir rien de différent et notable en terme de paysages et d'évènements. S'y ajoutent toutefois deux données : longer le Rhin quelques kilomètres sur une digue, et le franchir par un immense et imposant pont où vélos et piétons accèdent par 71 marches à env.55° ou 60% (1).
Pourtant après une précédente longue et bonne nuit de sommeil, pourtant avec un vent de face qui s'est réduit en force, je plante exténué de seulement 60km, dans un camping vide et fermé en bord de lac. Le moral est pourtant correct mais s'agit-il de l'effet psychologique de ma dernière nuit hors de France ? Çà sent le rêve réalisé, la fin du voyage.
(1) hauteur de marche ≃20cm, marche ≃33cm, donc 90°/(33/20)=55° ou 100%/(33/20)=55%. Danny, Yoyo, ai-je juste ou faut-il passer par le calcul de l'hypoténuse ?

plantage au matin


sur la digue de la rive droite du Rhin


le Rhin

4 volées d'escaliers, totalisant 71 marches, par 55° avec des rampes bi côtés
même chose à la descente sur l'autre rive du Rhin

un obstacle de taille (en pierre de)
strictement aucune autre possibilité

sans ce cycliste amical, j'aurai dû débâter tout le vélo et effectuer maints allers-retours

plantage du soir
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Lundi 9 octobre : Jüterbog > Dabrun
Il pleut ce matin par 10°. Il pleuvra toute la journée, de fine à moyenne mais sans cesse. Il se peut que l'itinéraire fût joli, les paysages intéressants ou les bourgs attractifs. Il se peut le contraire. J'ai pédalé, la capuche serrée sur le front, les lunettes opacifiées de gouttes, la vue restreinte et floue entre les deux limiteurs ; pas trop fort pour ne pas trop suer et donc ne pas injurier la nouvelle veste (1). J'ai donc décidé d'effectuer, en 33 à 40 km, une demi-journée de pédalage, complétée par un travail intensif de recherche de wifi (2) pour finir chez Mac Do à Lutherstadt et œuvrer sur le site . Mais CQFD, je sais où dormir ce soir : l'unique camping de la ville, sur la rive opposée de l'Oder. Toujours sous la pluie, j'y parviens pour constater sa fermeture !!! À la tombée de la nuit (encore !), je poursuis en espérant planter dans le village à suivre : rien. Et je dégouline de partout. Je me renseigne : une maman appelle son mari, qui appelle une amie qui gère en bénévole un presbytère accueillant quelquefois des pèlerins. C'est d'accord, on m'y attend. J'y parviens sous nuit noire. Je suis seul dans une très grande maison ancienne, offrant tous les conforts habituels.
(1) pour finir, imperméable à 10.000 millimètres d'eau à la colonne... en polyester, soit en réalité quatre fois moins que ce même résultat sur du polyamide (= nylon) avec une norme plus sérieuse. En clair, cette jolie veste (j'aime bien la couleur, orange brique) n'est pas respirante (test avant hier) et en plus pas imperméable !
(2) plus d'une dizaine d'arrêts infructueux (boulangeries, tavernes, fast foods, supérettes, stations services) et scan de mon téléphone : rien, rien de rien

joli abri , probablement d'initiative privée, sur la R1

bâtiment attractif sous la pluie
à Zahna
Mardi 10 octobre : Dabrun > Jeßnitz-Anhalt
Au moins ce soir, je sais où dormir : chez Thomas, l'Allemand de la bande des 4 au Cap Nord (1). Celui-là même qui totalise 255.000 km (255, pas 25) à vélo. J'avais anticipé pour aujourd'hui assez peu à parcourir, si bien que je m'arrête à Gräfenhainichen dans un restaurant (2) avec wifi pour mettre à jour le site.
Thomas habite au rez-de-chaussée (1er étage pour eux) d'un immeuble d'époque RDA (3) très bien rénové. Il n'a qu'une chambre mais l'appartement est assez grand, très bien tenu, presque maniéré tant tout est beau avec une organisation très précise. Outre discuter, Thomas m'a fait entrevoir la maquette audiovisuelle de sa prochaine présentation (4), du moins la partie vécue ensemble. Son intervention (festival, cinéma, collège, salle communale, etc) durera environ 2 heures (5). Nous avons dîné d'exactement ce que j'aime : excellentes lentilles, fromages français et allemand, pain de qualité et quelques verres de bordeaux, en écoutant deux albums : " Le métèque" Georges Moustaki et "Tea for the Tillerman" Cats Stevens.
(1) voir semaine 13
(2) un café et une pizza enfant, c'est ça ou pas de wifi
(3) République Démocratique Allemande, dite Allemagne-de-l'Est, grand amie sous influence de l'URSS (CCCP), avant la chute du mur le 9 novembre 1989 et la réunification le 3 octobre 1990 dans l'appellation République Fédérale Allemande (RFA).
(4) Thomas gagne sa vie comme photographe et filmeur de ses voyages (genre "Connaissances du monde"), rédacteur de ses publications (actuellement 5 livres) et un peu de freelance pour la télévision.
(5) je tiens à la disposition d'un organisateur éventuel ses tarifs et coordonnées. En France, il faudra prévoir un traducteur (il parle beaucoup de langues mais pas le français)



enseigne et entrée d'un forgeron
à Radis



une partie de la maison pastorale : distribution des pièces après l'entrée, salon, ma chambre, salle de prières. Le bâtiment (3 étages) et le temple attenant.


place typique
à Kemberg

Thomas dans son salon où j'ai dormi
devant l'expo de son premier vélo cumulant 112.000 km (l'équateur fait 40.000)
Mercredi 11 octobre : Jeßnitz-Anhalt > Obhausen
Outre quelques intérêts dans les villages et la ville de Halle-Saale, la journée fut vraiment difficile par vent très puissant à contre, sans obstacle dans des paysages sans arbres de champs gigantesques de choux et betteraves et de parcs éoliens : morne vision continuelle et braquet des fortes côtes sur du plat. J'ai pu perdre 6 km/h à configuration égale sans vent.
Sachant qu'il pleuvra demain, je vise pour compenser une forte distance. J'y parviens au prix de planter, encore et encore entre coucher du soleil et crépuscule, au bord d'un étang sans attrait, notamment aucun abri, proche d'un camping que je savais fermé mais qui se révèle totalement clos, sans accès autorisé possible.

mot de 26 lettres...

château, tramway, pont aux statues
à Halle-Saale
Jeudi 12 octobre : Obhausen > Heldrungen
Je paquette sous la pluie pour un bis repetita avec fort vent contre, s'y ajoutent deux grosses périodes de pluie entre les ciels bas et humides. On note toutefois trois améliorations partielles en paysages : diminution du nombre de parcs éoliens, traversée d'une forêt qui me protège parfois du vent, début de reliefs plus marqués. Exténué par le vent et la pluie, je plante en orée de forêt entre deux massifs en surplomb d'une superbe vue, la tente à demi sous un toit qui recouvre une table et ses bancs.

extérieur de tente trempé au matin

ou l'art de faire un feu près d'un abri de pique-nique...

aubette nulle (pas de banc et sale) mais salvatrice. Mon siège et ma table, après nettoyage, au premier plan : des fongicides, pleins !

je vais planter là
Vendredi 13 octobre : Heldrungen > Nöda BON ANNIVERSAIRE QUENTIN
Ter repetita, du moins pour le vent, par ailleurs cette fois étonnamment chaud et sans pluie sous ciel bas et sombre, qui oblige à une puissance musculaire accrue. À ce rythme et à temps égal, il m'est vraiment difficile d'allonger le parcours pour obtenir un kilométrage significatif. Par contre les paysages s'améliorent en choisissant une piste régionale de qualité en bord de rivière, d'autant que des deux côtés, au loin et en hauteur, c'est toujours mornes plaines et parcs éoliens.
Exténué, j'ai la chance d'obtenir un prix dans un camping en bord de lac, incluant douche, wifi et lave-linge pour 8€. À la nuit, je me baigne et j'enchaîne par une douche chaude. Ensuite cuisson des pâtes dans la cuisine, suivi de travail sur ce site dans la partie couverte des sanitaires dévolue à la vaisselle, seul bien entendu, bien assis sur une poubelle renversée.


rare rayon de soleil au lever du jour
vue assis de la table-abri durant le petit déjeuner
itinéraire exclusivement cyclable et pédestre
de gauche à droite : légère levée, piste et rivière


maison paroissiale et entrée de cimetière, datée1568
à Gorsleben ou Etzleben (je ne sais plus)

entrée latérale à double hauteur (peuple et notables), église ou temple de Nöda
Samedi 14 octobre
Il a encore plu cette nuit. J'ai dormi 11 heures, le vélo en vent de face, ça fatigue ! Mais je ne regrette pas mon choix de tourner dans le sens des aiguilles d'une montre : à l'inverse je serais quelque part dans le sud de la Norvège, avec vent de face, et pluie, en côte !!
Outre se la jouer très pénard, ce matin lessive et site, cet après-midi promenade à vélo, réimperméabilisation de mon pantalon de pluie, promenade à pied et site.
Bulletin météo prévisionnelle (à aujourd'hui 20h30 avec déplacement jusqu'à 75 km par jour)
Dimanche : pluie mm 2 sur 3 de 11 à 18 h, vent d'ouest à nord-ouest (contre) jusqu'à 26km/h en rafales de 10 à 18 h
Lundi : soleil voilé, vent faible de sud-ouest à nord-ouest (contre)
Mardi : soleil voilé, vent faible virant est à nord-est donc froid et portant
Mercredi : soleil voilé, vent faible et froid de nord-est (portant)
Jeudi : pluie mm 3 sur 3 de 7 à 24 h, vent froid de sud-est à nord-est (portant) jusqu'à 25km/h en rafales de 7 à 15 h



mon plantage protégé
(le vent arrive par l'autre côté de la butte)
la plage
la cuisine
(pour moi seul)


ruine typique en rénovation
encore un vélo hyper léger oublié au supermarché






le camping est actuellement un lieu d'exposition de sculptures
Dimanche 15 octobre : Nöda > Haina
9° au réveil dans la tente intérieure : le vent s'est infléchi du nord-ouest.
Je constate en partant qu'il me manque le drapeau polonais. Je refais à l'inverse une partie du trajet d'hier en balade pour le retrouver accroché aux branches d'un églantier.
La journée sera encore marquée à me battre contre le vent mais, c'est heureux, sur une ancienne voie ferrée reconvertie en belle piste cyclable le long de la rivière Nesse. C'est aussi la pluie qui m'a fait perdre du temps. Sans veste idéale, je préfère désormais patienter à l'abri. Aujourd'hui ont été utilisés : un garage ouvert d'une maison individuelle, une avancée couverte d'une entrée d'immeuble, et l'éternelle aubette.
Après maintes recherches infructueuses, je plante en forêt profonde, très isolé, près d'une tour ornithologique. Il fait 7° : demain, remette la main sur mon gant.
Par nuit noire à 19h15, j'entends des paroles en allemand. Il s'agit d'un voyageur pédestre avec gros sac à dos. Il me demande en anglais si je connais un endroit où dormir. Je lui indique la tour. Nous parlons un peu et convenons de prendre le petit déjeuner ensemble. Je vais éteindre, je finis ces lignes à 19h55 et j'ai un Allemand qui dort 4 mètres au dessus de ma tête !

les trois âges du vélo ?

forêt aux grenouilles protégées

plantage du soir
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Lundi 2 octobre : Jankowo-Młyn > Duszniki
Je décolle seulement à 10h30 mais au moins mon site est à jour. Malgré le choix de petits chemins, la campagne reste ici et maintenant une terre d'exploitation déraisonnée où les laissés pour compte, retraités, chômeurs, mères aux foyers, sont nombreux. Contrairement aux autres pays traversés, en Pologne mes "Bonjour" franchouillards fonctionnent peu et restent souvent sans réponse. La France qui fait rêver : très peu ici. À l'inverse les "Dzień dobry" (dire "Djièn dobrrré") sont appréciés et échangés en retour.
La journée fut surtout marquée par la traversée de la très grande Posnań qui ne fait pas exception quant aux paysages urbains habituels (1) mais sur 35 km. J'ai été plutôt convaincu par des forêts (non pas des parcs, faute de moyens, peut-être) et un immense lac suraménagé. Le cœur de la ville semble attrayant pour qui veut consommer dans un mélange non discriminant de bâtiments anciens et modernes.
Le soir fut plus pénible. Le soleil s'est couché un rien plus tard vers 18h30, tant ma direction Sud-Ouest (2) contrarie le raccourcissement, pour l'instant lent, des journées. Après la traversée d'un champ en vélo poussé, je plante dans l'urgence à la clarté grise de 19 heures, à l'orée d'un bois en vis à vis de maïs.
(1) bourgs périphériques dortoirs > zones industrielles > immeubles > centre historique > immeubles > zones industrielles > bourgs périphériques dortoirs
(2) Sud : en se rapprochant de l'équateur ( = en s'éloignant du pôle) on tend vers une durée égale nocturne et diurne. Ouest : plus on chemine vers l'Ouest, plus à heure égale, le soleil se lève tard et la nuit tombe tard.

le tipi du camping

piste de ski
au cœur de Posnań

architecture surprenante
magasins Benetton et Zara
Mardi 3 octobre : Duszniki > Głębokie
Je sors du duvet à 6h30 et lève l'ancre à 8h45 en faisant l'impasse du petit déjeuner. Je n'aime pas cet endroit, j'ai un doute quant à la nature du sol du bosquet ; des acacias immenses, des arbrisseaux malingres, du lierre partout : ce pourrait être une ancienne décharge de rebuts agricoles. Pour les alentours, je n'ai aucun doute, tout est traité.
Au kilomètre 4, à Niewierz, je découvre l'endroit idéal où j'aurais dû dormir : un bois derrière le terrain de foot, derrière l'abri de la micro caserne de pompiers.
Au kilomètre 16, à Lwowek, je prends mon propre petit déjeuner à la terrasse d'une épicerie où on m'a concocté un café (turc) alors que normalement on n'en vend pas. Ça fait bien rire tout le monde qu'on puisse aimer le même café qu'eux, puisque normalement les étrangers ne boivent du café que lorsqu'il sort d'une machine. Aujourd'hui une personne parle anglais. Hors jeunes, c'est rare. Les autres tiennent à me formuler en polonais qu'ils parlent aussi russe et allemand.
Au kilomètre 23, à Grudna, je quitte définitivement les grandes plaines sans âme d'agriculture intensive. Je rentre dans la forêt que je ne quitterai pas du tout durant 20 km (2). C'est magnifique, certes, mais les chemins sont ensablés, probablement pour contrer les ornières détrempées au printemps, et/ou aider à l'accroche des pneus sur le verglas et la neige d'hiver. Entre enlisement, chutes debout, tôles ondulées et efforts continuels, j'en bave, presque au sens propre puisque j'épuise toute l'eau des gourdes.
Au kilomètre 43, j'entends un gros crac. J'inspecte, je ne vois rien. Je me dis que la chaîne a dû sauter (3).
Au kilomètre 44, à Silna, gros patatras à l'arrière : j'ai encore perdu un autre anneau d'adaptation sur un crochet de sacoche au porte-bagage.
Au kilomètre 66, à Międzyrzecz, je constate que mon pneu, Schwalbe Marathon Mondial tout neuf de 9000km, préalablement avant, maintenant arrière, est plutôt dégonflé. En jouant de la pompe, à côté de la valve, horreur, un rayon est cassé. C'était l'origine du bruit. J'opte pour un camping à 6 km, aussi parce que la pluie s'annonce pour 21 heures.
Il faut imaginer en bord de lac magnifique, sa grande plage et ses pontons, une petite ville (100 toits ?), composée presque exclusivement d'habitations secondaires, de chalets de vacances, de locations, de jardins potagers, d'un grand nombre de gargotes, d'espaces ludiques et sportifs, etc... vides, fermés. Si je compte 5 voitures et trois péquins, hors bandes de jeunes et quelques couples, j'ai fait le tour ! Le camping ne fait pas exception, j'y suis totalement et entièrement seul. Bien que j'en aie l'habitude, sous ciel menaçant et vent redoublant, on pourrait se croire au sein d'une résultante d'apocalypse. Je plante sous un abri, près d'une double table également hors d'eau et d'un bâtiment en U dos aux bourrasques désormais violentes, mais où demeurent éclairage et électricité. C'est bien pratique pour dîner (4) et recharger les accus (5). Sous les pins et les nuées noires, bordé de l'autre côté du lac par le relief qui obstrue le couchant, la pluie fine s'invite à 18h18 de nuit, à 19h les trombes. À 20h et jusqu'à environ 5 heures du matin, ce sont des hallebardes... et les coupures de courant qui provoquent des alarmes automatiques sonores partout. Ces constats n'ont aucun effet sur moi, sinon de me sens en sécurité dans ma tente et au calme avec mes bouchons d'oreilles.
(1) une chaise, une table, 3 poubelles de tri sélectif sur 3m2. C'est justement le jour et l'heure du ramassage : tout est vidé dans l'unique compartiment du camion-benne...
(2) et même d'après la carte jusqu'à la frontière allemande dans 2 jours.
(3) il faut que je me décide à emprunter une longue clé à tube pour desserrer un boulon récalcitrant de positionnement de la roue arrière, ou, enlever un maillon de chaîne.
(4) soupe et le comme d'habitude : banane, carré de chocolat, petite poignée de graines de courges, petite poignée de canneberge, pain ou équivalent, fromage.
(5) téléphone, batterie 6000, batterie 10000, lampe frontale

plantage planqué au matin

réutilisation des sangles

patatras

détail

j'ai encore perdu un adaptateur
(machin gris clair) dans le crochet

ma "cuisine" du soir
dos au vent, avec électricité
Mercredi 4 octobre : Głębokie > Lubniewice
Comme convenu, la matinée fut dévolue aux réparations : remplacement du rayon cassé (1), vulcanisation du trou dans la chambre à air (2), montage des plaquettes de frein arrière (3) et même repositionnement en tension de la roue arrière, donc de la chaîne (4). Au passage également, le paiement du camping : 0 zloty (5). Le camping, comme toutes les infrastructures de loisirs de Głębokie, un pôle municipal pour finir, a fermé dimanche soir. Aujourd'hui mercredi, c'est le dernier jour de nettoyage et préparations à l'hivernage.
Je décolle à 11h45. La journée est pliée pour un kilométrage classique mais le vélo répond d'autant bien que la chaîne est idéalement tendue (bien droite en haut, très légèrement ovoïde en bas). Reste le ciel : menaçant.
Après 7 km, à Popowo, la pluie s'invite. Je déjeune sous un abri bus. Je termine par le fromage : impossible de trouver mon couteau suisse multi-lames. Je sais ! Je me suis servi du petit tournevis en bout de décapsuleur (!) pour serrer la tête de rayon. Je remballe tout dans l'urgence, je fonce en sens inverse pour 7 km supplémentaires. Sur place, rien (6).
Je reviens à Popowo (re 7 km)... où mon couteau m'attendait sous l'aubette...
(1) j'en avais d'avance. Pourquoi des rayons et pas de chaîne, de plaquettes de freins ou d'axes de pédales ? Sais pas !
(2) je comprends que ce n'est pas une épine ou du verre qui a traversé le pneu pour atteindre la chambre. Il s'agit de l'extrême bout de la tringle, peut-être un millimètre, la fin du pas de vis mâle sans la tête femelle dans l'oeil de la jante, qui a percé le caoutchouc. On peut donc crever, par l'intérieur, en cassant un rayon.
(3) le jeu de remplacement acheté en Suède.
(4) tout se jouait sur un boulon (1 sur 4) que je n'avais jamais réussi à desserrer. Là, il a bien voulu : merci les vibrations des chemins chaotiques.
(5) en lieu et place de 24 zlotys composés de 9 la tente, et 15 pour 1 à 2 personnes (5€50 la nuit !!!). La douche était comprise mais je ne saurai jamais s'il y avait du wifi.
(6) version courte, la fouille fut complète, y compris la totalité de tous les recoins de mes 7 sacoches !


plantage au matin

l'intérieur de la toile extérieure
après abattement de la toile intérieure

une statue du magnifique parc Miłosci
à Lubniewice
une autre près du centre culturel

mes voisins

Jeudi 5 octobre : Lubniewice > Słubice
Impossible de sécher la tente ce matin. Le soleil se lève plus tard, de surcroit caché de toutes parts par des rideaux d'arbres. Le problème va se multiplier maintenant avec la diminution de l'ensoleillement, l'augmentation de la pluviométrie, et par condensation par diminution probable de la température ambiante. Conseillé par Thierry (le Belge avec qui j'étais au Cap Nord) et David (le Français marié en Lettonie) : l'assèchement au chiffon. J'en ai deux, en micro-fibre, qui me servent peu. Il me faut d'abord détacher la tente intérieure, seulement les murs (pas les fixations au double toit et au double tapis-de-sol). L'essuyage est rapide. Cela nécessite toutefois l'essorage des chiffons par rotation extrême. Le problème ? Au montage de la tente le soir, il faut ajouter la fixation des murs de la toile intérieure. C'est ce qu'on appelle un montage par l'intérieur, par ailleurs bien pratique pour monter sous la pluie.
La journée fut marquée par une longue averse, en partie sous un abri bus. Je repars armé des ad hoc veste et pantalon, à la faveur d'une éclaircie... que je juge durable. 1 km plus loin, ce sont des seaux d'eau. C'est vérifié, ce matériel est foutu ; dommage avec l'arrivée de l'automne ! Je stoppe juste avant la frontière allemande et prends une chambre d'hôtel, le moral dans les chaussettes, même si le change a beaucoup évolué (1), probablement à cause des élections sénatoriales (directes) dimanche, où on s'attend à une montée de l'extrême droite.
(1) il faut désormais non plus diviser la valeur zloty par 4,15 mais par 4,55 = -9% en 1 mois !

aubette et la veste HS


ça sèche
Vendredi 6 octobre : Słubice > Malchow (Allemagne)
Journée foutue à rechercher une veste à Słubice, puis à Francfort-sur-Oder (1) un forfait prépayé data (2), puis une veste dans toute la ville. J'ai trouvé un truc pas cher qui devra tenir le reste de l'année.
(1) en allemand : Frankfurt (Oder) ; non pas Francfort-sur-le-Main, en allemand Frankfurt am Main
(2) ça existe, illimité, 4 semaines, 80€... au revoir !
pas de photo
Samedi 7 octobre : Malchow > Schlepzig
Le cœur n'y est pas pour cette journée à venir qui, sur Windy, s'annonce "nuage noir" jusqu'à 17h puis "pluie 3 grosses gouttes" (sur une échelle de 3 !) jusqu'à 5h du matin. Surtout, est-ce que ma nouvelle veste d'entrée de gamme sera à la hauteur ? Je veux bien pédaler sous la pluie, je peux même admettre par vent de face, mais pas durablement en automne être trempé jusqu'à l'os !
Je reprends confiance sur un itinéraire désormais intéressant, en forêts et presque toujours goudronné avec priorité vélo. Les petits bourgs se succèdent aussi, propres (1), toujours avec un abri dans le "centre". Je m'arrête devant un moulin à eau en sortie de forêt. Il s'agit d'une auberge solitaire qui ouvre devant moi. J'y prends un café qu'on m'offre parce qu'on n'accepte que le "casch" (2).
La pluie s'invite dès 14h15 mais sporadique et légère. À 15 elle est continuelle et plus pénétrante. J'enfile ma nouvelle tenue de combat. Ça résiste bien, sans que je puisse affirmer toutefois l'entière protection attendue : la pluie est insuffisante. Ce qui est certain, c'est que si la veste est imperméable (à vérifier, donc), elle n'est pas respirante : pas ou peu d'évacuation de la sueur. Mais ayant maigri et subissant beaucoup moins de dénivelés, je sue moins. À 17h la pluie s'arrête (l'exact inverse des prévisions !) mais le vent redouble de face. Je garde la veste comme coupe-vent, ouverte au trois-quarts pour évacuer la transpiration. Bon, sans grosse pluie, ça fonctionne. Attendons le déluge pour juger.
Je termine ce bel itinéraire en plantant, quelques kilomètres après le village de Schlepzig, en bord de rivière au pied d'une tour d'observation et d'un abri trop étroit pour ma tente. Un panneau m'informe qu'il s'agit d'une zone protégée pour les castors, les loutres, les martin-pêcheurs et les cigognes noires (3). On peut voir aussi un petit texte qui interdit le camping... mais je ne comprends pas l'allemand.
La pluie repart vers 20h mais c'est loin des trombes d'eau annoncées. Si seulement le ciel pouvait s'essorer cette nuit, non pas demain.
(1) j'avais oublié : l'Allemagne, c'est propre (toutefois la palme reste aux Pays-Bas)
(2) j'avais oublié : en Allemagne il faut du liquide (à l'inverse de la Norvège où on n'aime pas trop) d'autant que si la carte est "Visa", souvent elle n'est pas acceptée.
(3) Schwarzstorch, 11 consonnes !!! C'est bien aussi, l'allemand.

plantage au matin


piste cyclable allemande
souvent loin des routes

le moulin de l'auberge et son étang de retenue


aubette ancienne région Brandebourg (ex RDA), montants repeints, et drapeau RFA...
2ème tour des élections municipales. Dans ce village se sera Ralf contre Robert
je vais planter là, à droite de la tour d'observation, sous les arbres, juste à côté de la hutte


Dimanche 8 octobre : Schlepzig > Jüterbog
Riante journée où, hors villages, la piste cyclable soit toujours bien séparée de la route, soit par monts et par vaux en forêt, offre un parcours bucolique et ravissant, sécurisé, et rapide aussi tant le revêtement paraît bien entretenu. Par contre je suis parti tard. Sous prétexte d'assèchement de la tente déplacée au soleil pour ce faire, j'ai baguenaudé dans les marais pour photographier. Peu de temps après, j'ai de plus pris un café dans une auberge puisque, rarissime en Allemagne (1), elle se vantait de wifi free (2).
Fort d'un itinéraire désormais plat et sous température fraîche, voire froide en forêt et vent généré, je décide de m'énerver. C'est-à-dire pédaler régulièrement et continuellement en forçant un peu (3) et moins s'arrêter (4). Ainsi donc je rattrape mon retard, tant et si bien que je vise une journée autour de 66 à 70 km... avec la nuit qui arrive bientôt. Je fais le difficile devant un premier abri (il était nul), un deuxième (il était très bien), un troisième (ça aurait pu le faire) parce que mon compteur n'affiche que 64 km. Je vise un autre sur la carte dans 4 km : ce n'est qu'une table en bord immédiat de route. Reste le camping de la grande ville à suivre. J'y arrive de nuit. Il s'agit d'un parking au bord d'un étang glauque de sortie de ville où les jeunes motorisés se donnent rendez-vous en fin de semaine. Je me rabats sur un hôtel attenant alors que la pluie annoncée, pour 24 heures, débute. Il s'avère trop onéreux pour moi. On m'y conseille une pension qui me satisfera pour moitié moins cher et petit déjeuner inclus ! Je ne suis pas très fier de moi mais 3 nuitées en chambre payante durant 6 mois et demi n'est peut-être pas si grave.
(1) palme ex equo des pays les plus nuls en wifi : la Pologne, l'Allemagne.
(2) préférer une bonne huile de qualité mais ôter l'excédent de gras à l'aide d'un papier absorbant.
(3) avec un petit vent poussant, je surveille mon compteur instantané pour que jamais il n'affiche moins de 16 km/h. Par contre je ne force pas plus au-delà.
(4) photo ET pipi ET boire durant le même arrêt = diminuer le nombre d'arrêts.


plantage au matin, vues opposées


paysages alentour : vue du haut de la tour et balade

je loupe un petit musée
Oskar Barnack
(colère rentrée !!!)