Tour d'Europe du nord
boucle au départ de Mauves-sur-Loire
semaines 5 à 1
----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Dimanche 23 avril 2023 ; 5ème semaine
> distances sont effectives en vélo seul, sans autres mouvements (arrêts pipi / cartographie / achat / manger, bac, promenade pédestre, etc)
> DC+ : voir page "Accueil", onglet "dénivelé"
> les vitesses sont hors pauses et arrêts (le compteur enregistre seulement et dès un tour complet de roue)
> de même, les durées sont exclusivement en mouvement. Il faut rajouter de 1 à 2 heures de "pauses" dans la journée.
> ciel : moyennisé et en mouvement
> vent : moyennisé et en mouvement. Le travers, majoritaire, sera soit largue donc portant, soit au près, donc à contre.
(1) Everest 8848
Casse, chute : 0
Perte : 1 gant chaud
Réparation : 2 serflex (offerts par le réparateur danois... qui n'avait pas le temps de retendre ma chaîne par décalage du double renvoi Rohloff)
Lundi 17 avril, je traverse la frontière allemano-danoise où sévit surtout une douane, mais pas pour les vélos. Après deux heures le ventre vide, je m'arrête au premier village en dehors des pistes cyclables le long de grandes routes, lorsque je roule enfin sur l'EuroVélo 3 (la mythique EV3 : Trondheim en Norvège à Saint-Jacques-de-Compostelle en Espagne, dite "des pélerins", 5600 km, traverse 20 sites classés UNESCO et 7 pays). J'en pleurerai, je roule sur l'EV3 ! Je suis dubitatif (mais non madame je ne parle pas de monsieur votre mari assis à vos côtés- P. Desproges) tant le plaisir de déjeuner au soleil abrité du vent d'Est carrément froid, à une table, au centre d'un carré d'herbes printanières, près de salutaires sanitaires communaux, me ravit. Je suis chanceux.
Au Danemark, j'inaugure mon premier "Shelter" (en haut, en page "Bivouac", cliquer sur l'onglet "Danemark") sous forme d'abri en bois, en campagne. Ce soir, les accueillants sont les Scouts danois où je bénéficie gratuitement et pour moi seul de plusieurs cabanes, tables et bancs, toilettes, lavabo et eau froide potable. J'ai eu l'idée de monter ma tente à l'intérieur d'un des abris ouverts, tant le froid annoncé me fait un peu peur.
vidéo de la plage nord-est de Flensburg, Allemagne. A l'ohrizon le Danemark.
Shelter chez les Scouts danois
l'art de ne pas planter sa tente non autoportante
Mardi 18 avril. J'ai bien dormi jusqu'à 5 heures du mat où le froid me réveille ; un œil à l'extérieur : tout est gelé. C'est le coup du point de gelé (un truc que je n'ai jamais compris : la lumière chaude crée du froid !). Pour la première fois je rajoute une capuche, serre le petit cordon pour ne laisser dépasser que le nez. Je me rendors parfaitement mais note à 7 heures (à l'Est, sous ma longitude actuelle, à heure égale, le soleil se lève une heure plus tôt qu'à Nantes), 3° sous abri, 6 dans la tente... probablement 36°5 dans le duvet. Donc, no problèmo. Ah si : en sortir !
Belle journée de pédalage, très majoritairement sur l'EV3 qui relie par le centre un peu vallonné du pays les hauts lieux historiques, surtout un grand nombre de tumulus, probablement des tombeaux pré vikings de l'âge de bronze. Ce soir, nouveau Shelter, en théorie gratuit mais on m'avertit gentiment que pour bénéficier des toilettes chauffées, de la douche chaude sans restriction ni additif, il me faudra me délester de 50 couronnes, à diviser par 7 virgule 42, soit 6€75 le camping complet. Je demande s'il existe la wi-fi. Oui, en libre service, sans code ni coût additif. Brancher mes chargeurs ? Oui, bien sûr. Pour être franc, il ne manque que la salle chauffée de pause : on me prie de m'installer dans le restaurant attenant, où, comble de bonheur, j'ai rédigé ces deux derniers paragraphes avec un chat qui a fini, après maintes demandes de gratouillis, par s'endormir sur mes genoux. Il me semble qu'il adviendra des soirées plus difficiles.
Mercredi 19 avril. Gelée et soleil d'enfer. Levé à 7 h je ne pars pourtant qu'à 10 pour profiter du wi-fi gratuit. Cette fameuse route historique, Hærvejen, pédestre, reliait et relie toujours depuis jusqu'à 5000 ans ces "tumulus", qui, de fait, se situent majoritairement sur la ligne de partage des eaux de la péninsule (danoise, au sens actuel). L'EuroVélo 3 ici se confond souvent avec le parcours pédestre, ou s'en éloigne quelque fois seulement un peu. En clair, la 3 (rappel, dite des pèlerins) au Danemark s'est se farder toutes les côtes ; même si j'ai un peu triché (oh la jolie route goudronnée avec sa double piste cyclable, qui va au même endroit que le chemin caillasseux - ancestral à ne surtout pas goudronner- mais en ligne droite. Comme c'est dommage, je ne verrai pas 3 tumulus... sur la vingtaine aujourd'hui). Pour autant, la difficile EV3 sur gravillons millénaires de Vrads à Asklevest à couper le souffle de beautré (si on aime les arbres et les collines).
J'ai clos la journée le long d’une route solitaire de campagne, alors que je cherchais un raccourci que je n'ai jamais trouvé, toutefois sans croiser d'hominidés à la flexion auriculaire défectueuse (comprenne qui pourra, sauf David et Vincent qui savent, eux). Sans être vraiment perdu, je n'étais pas à l'endroit désiré. Vraiment loin de tout, j'ai planté en pleine nature sous le chaud soleil déclinant (et le vent hyper froid) en admirant des biches à l'orée d'un bois. Le problème, il ne me reste qu'un quart de litre d'eau : donc manger froid, pas de brossage de dents et au dodo..
Shelter du soir
dodo (rime pauvre)
exemple de rimes riches, trouver la suite :
Se découpant sur champ d'azur
La ferme était fausse [-] [-]
Et le chaume servant de toit
Synthétique comme il [-] [-]
Au bout d'une allée de faux buis
On apercevait un [-] [-]
Du fond duquel la vérité
N'avait jamais dû re[-] [-]
> poubelles danoises : 6
> jeu : agrandir et chercher le cervidé
> pour repérer le haut d'une colline au Danemark, c'est simple, par ordre décroissant numéraire : éolienne, tour d'ondes, église
un site de 3 tumulus
Jeudi 20 avril, vers 5 heures, je rêvais que j'avais froid. Je me réveille, en réalité j'ai un peu froid (j'ai dit "un peu" p'tit frère, pas "j'ai froid"). Je ferme bien la capuche du duvet, resserre le collerette intérieure, monte à fond le drap de soie de propreté (sac à viande) ; et me rendors. La sonnerie du réveil à 7 heures me pousse à consulter le thermomètre du compteur détachable (celui qui me dit tous les chiffres du tableau) : 4° dans la tente intérieure. Je décide d'enlever le haut de mon mérinos de nuit, d'enfiler les trois couches de mérinos de jour... et, avec courage, de réchauffer le tout en me reglissant dans le duvet. Je vois bien le jour à travers la tente, mais pas les rayons du soleil. Mécontent, je commence à douter de mon choix d'orientation en plantant hier soir. 7h25 le soleil darde, réchauffe la tente et commence à évaporer la condensation sous le double toit (ne pas confondre avec la tente intérieure qui reste sèche). 7h30 7°, 7h35 11° : je m'extrais sans difficulté et œuvre pour compacter les affaires, plier la tente, remplir les sacoches et bâter mon destrier.
Je vide les 4 gourdes pour totaliser une gorgée. Pas grave me dis-je, au premier village je demanderai de l'eau. Une demi-heure plus tard j'atteins un village, Funder-Kirkeby, sonne à une porte et quémande de l'eau. Je fais court : l'ensemble du village est en coupure d'eau pour réparation jusqu'à midi !!! Environ 6 km plus loin, une maison isolée, j'ai mal de tête, je me suis surpris à chercher la ceinture de sécurité en reprenant le vélo, le monsieur qui ouvre acquiesce, prend mes bidons, et constate qu'il n'a pas d'eau. Après lui avoir expliqué que ça reviendra à midi, après avoir refusé une bière (le matin ! à jeun ! à vélo !), avec un gros mal de tête et une douleur au-dessus de l'œil droit, je finis dans un autre village par remplir mes quatre gourdes vers 11h30. Il me faudra plusieurs heures pour que le mal de tête disparaisse.
Je rencontre un cyclo-randonneur danois, lourdement chargé à l'arrière, peu à l'avant, parti le matin même pour faire le tour de son pays en trois semaines. Sa motivation première est de perdre du poids.
Dans l'après-midi, le GPS LocusMap me détourne, à Skelhøje, de l'EV3 pour la 21 jusqu'à Viborg : une merveille, une des plus belles pistes cyclables que j'ai pu connaître, si on les aime larges, lisses, propres, avec plein de gamins qui font n'importe quoi, et le tout en forêt d'arbres immenses à feuille caduque.
Après une visite express de Viborg, je plante ma tente dans un camping fermé au bord d'un lac.
bataille de Valdemar, an 1157
spot de plantage du soir (866 plus tard)
Vendredi 21 avril. Vu que je me suis couché tard pour finir la transmission, ce matin je ne me réveille qu'à 8 heures. Bien orientée, il fait tellement chaud dans la tente que je sors sans attendre, près à étouffer. Il faut dire que je ne suis pas copain avec la chaleur de l'air. Je m'aperçois qu'après 3 jours de beau soleil, mais air froid, j'ai bronzé du dessus de la main, mais en excès ; pas beau à voir. Donc, contre toutes attentes, ce matin la crème indice 50 sera de service.
Belle journée de pédalage en T-shirt, avec crème.
Je plante de nouveau dans un "Shelter og taltplace" (ou l'art de canaliser le camping sauvage pas n'importe où) où deux jeunes couples danois, arrivés en voiture, se sont déjà installés : coupe de bois vert à la scie pour faire du feu, cuisson de la viande à la flamme... Lebrac, Didier, Manouch : on se marre ! (message personnel)
> le Shelter du soir
> la marguerite fréquente, soit Haeviejen, soit12 (non pas EV12 peu éloignée), ou route fleurie !
> enfin un panneau qui a du sens pour tous
> un paysage de bord de lac, typique danois du Jutland du nord
Hors date. Je m'use les yeux depuis plusieurs jours à calculer dans tous les sens (calculette, GoogleMap, LocusMap) si je peux ou non arriver au Cap Nord le 21 juin, compte tenu des dénivelés en Norvège et ma propension malheureuse à ne pas gravir en pédalant, mais en marchant, les hauts de côte à plus de 7%. Il se peut que non. J'envisage désormais un ferry non pas vers Kristiasand mais pour Larvik, afin de rallier Trondheim via Oslo, et reprendre ensuite le cheminement prévu.
Samedi 22 avril. Lever encore tard, 8h, la fatigue se fait vraiment sentir. J'ai la possibilité de prendre le ferry de 22 heures mais il faut aligner 110 km. Faisable mais je me suis arrêté prendre un café à l'entrée du centre d'Aalborg (4ème ville du pays, 120 mille habitants) et craqué pour une sorte de pain aux raisins, sans raisin ni crème pâtissière remplacés par du sucre brun et un paquet de cannelle. J'en raffole. Bon, il faut aimer la cannelle.
Il fait toujours très beau mais le vent d'est froid, combiné à celui généré dans les descentes m'obligent à garder 3 couches en haut, mais bermuda (pantalon dézippé en bas, voir onglet "vêtement" dans page "Matériel") sur les jambes chaudes parce que toujours en mouvement.
J'hésite donc entre prendre ma journée de repos dans un camping familial très bien noté (4,8), probablement pas excessif parce qu'assez loin de la mer, ou forcer et prendre le ferry de nuit sans rien voir de la traversée annoncée pour 3 heures et demie. Mathilde me conseille "de prendre le ferry de jour pour profiter du voyage", mon frère doute "que l'aspect d'arriver dans le délai imparti (ndlr : au Cap nord) soit très important". Les douleurs musculaires aux jambes, la perspective de quoi et comment faire à Larvik à 2 heures du matin et la pluie annoncée pour cette nuit décident pour moi : repos au Danemark.