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  Tour d'Europe du nord 

boucle au départ de Mauves-sur-Loire

  semaines 14 à 18 

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Lundi 17 juillet

Il a beaucoup plu une grande partie de la nuit. J'ai plutôt mal dormi, assez angoissé par les bruits de la ville. Au moins j'ai compris qui était cette femme qui me parlait dans mes rêves : l'annonce de la station durant l'arrêt du bus, derrière un rideau d'arbres ! J'ai plié plutôt sec grâce au vent et malgré quelques gouttes. L'objectif de la journée dans une grande ville demeure les réparations mécaniques mais l'unique atelier vélo du centre ne peut et ne veut rien pour moi : le mécano est en vacances. Je croise cependant un Nantais qui vient d'acheter une roue (axe cassé) qu'il change lui-même sur le trottoir, comprenant démontage de la cassette de pignons à la clé-à-fouet : j'ai pris une leçon. Je me rends ensuite à l'extérieur de la ville en contournant nombre de lacs et baies marines pour atteindre une zone commerciale gigantesque, de l'ordre d'Atlantis à Saint-Herblain. Un des quatre magasins de sport m'aide réellement en téléphonant à son collègue de même enseigne (XXL) à Umeå (j'y serai dans une semaine) pour qu'il commande une référence (marque bbb, premier prix), équivalente (???) à la mienne (X2 de Hope). Je passe ensuite plusieurs heures dans la cafétéria d'un hyper au wifi gratuit pour boucler la semaine 17. Pris de flemmardise, je pousse, heureusement dans la bonne direction, jusqu'au seul camping de la ville : 389KRS, soit 34€ la nuit, record absolu de vol manifeste. Donc je prolonge ma sortie de ville ans le but de rejoindre l'EuroVelo 3 (EV3), malheureusement sous un ciel franchement menaçant que j'anticipe aisément par vent important de face. J'opte, c'est un raccourci, durant plusieurs kilomètres pour un chemin privé interdit aux engins à moteur (donc autorisé aux vélos...) séparant non loin de la grande route E4, des champs marécageux inexploitables d'avec la forêt. Je visualise deux places possibles pour y planter ma tente si le lieu-dit à venir n'offre pas de meilleur emplacement. Je parviens en fait au cœur d'un magnifique village. Un couple de joggeurs me renseigne quant à la possibilité de planter n zone forestière juste attenante aux dernières maisons. Tous renseignements bien assimilés, au moment des remerciements, la dame me recommande de ne pas trop s'éloigner de ces habitations. Pourquoi ? Parce qu'on a vu il y a trois jours une ourse et son petit sur l'unique chemin du bas, celui qui longe l'E4 de Luneå à ici ; chemin désormais interdit pour cette raison. Celui que je viens d'emprunter ! Celui où j'ai failli dormir ! Comment dire : une peur rétrospective m'envahi. Je plante au milieu du village, en bord d'ère de jeu de l'école en vacances, à moins de 200 mètres de plusieurs habitations, bravant ainsi la restriction au droit constitutionnel des pays Scandinaves (1). Je m'en fiche. J'en ai ras la casquette de ces histoires d'ours. Le soir, je discute avec deux adolescentes basketteuses de 13 ans aux questionnements intarissables: leur anglais est excellent.

 

JE M'APERCOIS QUE JE N'AI FAIT AUCUNE PHOTO LE 17

 

Mardi 18 juillet

Je commence par un café et les toilettes dans le bâtiment d'une supérette, tout en rechargeant les batteries. Pour éviter la dangereuse E4, je circule désormais plus scrupuleusement sur les itinéraires cyclables, majoritairement l'EV3, inscrite seulement sur la carte (fond OpenRunner sur LocusMap) qui se confond souvent avec les trop discrètes et trop peu fréquentes balises physiques "Cykelspåret" n°20, parfois 19. La pluie me rattrape malheureusement (c'est quand l'été ?) à Öjebyn, banlieue Nord de Piteå, dont le centre de plusieurs siècles, formé alors de maisons accolées (!!! en Scandinavie) intégralement en bois, me ravit, bien plus que la Norvégienne Rojos pourtant inscrite au patrimoine matériel mondial de l'UNESCO. Dans la nouveau centre, à l'abri de l'ondée sous l'appentis de l'enseigne ICA au wifdi sans code, je détermine deux choix possibles :

> a) trouvé sur "vindskyddskartan.se", à 3 km au Nord-Ouest, à l'inverse de la prochaine direction, un abri gratuit (shelter, campfire) avec toilettes, au bord d'une plage avec lac.

> b) 7 km au Sud-Ouest, dans la bonne direction, un camping mal noté.

Je choisis le camping. J'y parviens trempé. Il s'avère désastreux, en immédiat bord d'E4 (bien plus à l'écart sur GoogleMap), cher (250KRS=22€) et sans wifi. Je refais le chemin inverse puis jusqu'à l'abri : 17 km au lieu de 3, sans compter 10 autres demain sur le même parcours !

La soirée a été marquée par des echanges, croissants en intérêts et durées, avec plusieurs baigneurs (si, si) à approximativement 21, 22 et 23 heures. D'abord deux amis d'environ 20 ans, blonds aux yeux bleus, ensuite un couple de 25 ans, pour terminer deux frères réfugiés Afghans, dont seul l'ainé de 30 ans parlait Anglais.

Il est 23h45, à l'aide de mon téléphone je finis mon brouillon (là, je recopie) sous la pluie sonore du double-toit trop tendu, doublée par la couverture en taules de l'abri attenant. Une nouveauté de surcroît : il fait plutôt sombre, pas noir (de 23h30 à 1h30, dixit Windy). Le problème ? Les prévisions météo sont désastreuses : pluie (chaude, 17°) pendant 5 jours, summum jeudi et dimanche.

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étude de cas (message personnel) sculpture monumentale assemblée sur bois

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il pleut d'où je viens

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les pistes de moto-neige : l'une le long de la rivière, l'autre perpendiculaire... sur la rivière qui sera gelée et enneigée !

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détail d'une ancienne bâtisse en reconstruction avec principalement les matériaux d'origine

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suite longue discussion et visite avec un agriculteur :

silo à ensilage de foin frais de 1982 (alors tout en bois)

base d'un autre silo de 1944

déplacement et reconstruction d'une grange (porche central aux montants de biais)

datant de 150 ans

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autrefois des petites granges à foin partout dans tous les champs (multiplication des lieux pour minimiser le transport et les incendies)

aujourd'hui des ballots blancs partout et des granges qui s'écroulent

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étude de cas : maison à vendre

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très fréquent : clôture (à l'origine anti rennes) de propriété avec les cimes et branches de sapins

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le lac et sa plage où je plante...

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une rue d'avant guerre à Öjebyn

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...la haut, derrière l'abri

 

Mercredi 19 juillet

J'attends bêtement 2 heures dans la tente que la pluie cesse pour m'apercevoir trop tardivement qu'elle provenait de l'égouttement des grands arbres secoués par le vent. Cependant la météo est formelle : il va pleuvoir, au plus tard à 17 heures. Je fonce donc, d'abri en abri, surveillant les nues. Il ne pleuvra jamais. À 80 km, je m'arrête en bord de mer sans varech qui ressemble à un lac : les eaux du golfe de Botnie (Bottenviken en Suédois, Peråmeri en Finnois) au Nord d'une ligne Umeå Waasa, sont parmi les moins salées au monde. Pourtant annoncées, l'abri est sans toilettes. Les soirs de déception ou de moral un peu bas, j'applique toujours la même recette : manger chaud. Ce soir, ce sera œufs durs, riz (avec la même eau de cuisson précédente) additionné d'un reste de gouda (râpé qui s'est compacté) et de "kaviar" : un truc hyper bon, hyper pas cher (1€ les 250g) en tube aluminium polluant, hyper salé (5ème ingrédient) et hyper industriel (soja, pomme-de-terre, tomate, antioxydant, conservateur) constitué principalement de laitance de morue (œufs de cabillaud). Je prépare aussi pour demain matin le café soluble bouillant, transvasé dans la thermos, avec l'eau de cuisson (non salée) du riz, elle-même des œufs...

La baisse de moral provient surtout de l'annonce formelle de la nuit (environ 3 heures), composée d'une heure d'obscurité encadrée par deux heures (1 de chaque côté) de "nuit grise". Les temps arrivent d'anticiper les lieus de plantages pour éviter de les rechercher à la frontale.

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exemple de panneaux des chemins de randonnées

les "Solenderleden"

bien choisir ses arrêts parmi l'omniprésence de forêts : ici un ancien lac. On marche sur d'énormes épaisseurs végétales inexploitables.

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plantage du soir. Dans un sens...

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...et dans l'autre.

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la brume se lève

quand je vais me coucher

 

Jeudi 20 juillet

Il n'a pas plu, j'ai plié sec. Je pars à 10 heures, comme hier sous ciel très chargé, en additives prévisions de très intenses pluies dès 11 heures. Mais ce sera comme hier, probablement pas la moindre humidité. À moins cinq, alors que je viens de passer sous l'E5 (la cyclable oscille des deux côtés de la route principale) et que je découvre un self-épicerie ; les vannes célestes s'ouvrent en grand, très grandes. J'y ai fini d'écrire directement sur le site J'attaque les photos, il est 15h30, il ne s'est toujours pas arrêté de pisser dru. Je décolle à la faveur d'une accalmie que je pense brève. Malgré un ciel menaçant de tous côtés, noir de l'origine du vent, le robinet restera fermé. Je plante dans un bel environnement, avec toilettes, table, mais surtout une cabane à feu.

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à nouveau, ici à dans la belle grande ville universitaire de Skellefteå, un très grand quartier ancien

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le "camp site" idéal

 

Vendredi 21 juillet

J'aime assez une météo encore bien chargée toute la journée, puisque ni fraîche ni pluvieuse, pour une route en terre battue bien damée, sans trop de gravillons ni traces de chenilles. Parvenu à Burträsk, une bourgade en bord de lac, un édifice vaguement familier m'attire, pouvant correspondre aussi à ma recherche d'un café. Il s'agit d'une laiterie aux fromages dont je connaissais le visuel : une couronne dorée sur fond noir. L'endroit débute par un grand hall d'expositions et effectivement un lieu similaire à un salon de thé où on consomme surtout des glaces et pâtisseries, des boissons sans alcool et un choix restreint de tartines et salades. Ici, spécifiquement, s'ajoute la vente de leurs fromages et la dégustation... Le lieu me plait donc, d'autant que le café, toujours en libre service, est gratuit à partir du deuxième, la recharge électrique et le wifi libres.

En sortant à la fermeture (16 heures, arrêt du travail, partout en, Scandinavie, sauf les supérettes), je constate l'affichage d'un concert gratuit de rock/blues dans un parc, ce soir à 19 heures. Si l'unique camping de la ville se révèle peu onéreux, aucune chance me dis-je, je reste ici pour la douche, la lessive, le repos ; d'autant que les prévisions sont formelles : retour de la pluie demain. 

Je plante au camping (bondé !) douche incluse pour 130KNS (11€50), mais surtout un festival de musique traditionnel en cours le jouxte immédiatement. Il s'agit d'une grande place herbeuse, ceinte de plusieurs bâtiments, certains particulièrement anciens, avec plusieurs lieux de représentations, ateliers d'artistes, expositions, jeux pour enfants, stands de produits locaux, etc.

Après la douche, priorité au concert à l'autre bout de la ville. J'y passe une soirée exceptionnelle. Au retour, musiques traditionnelles puis bal d'arts et traditions populaires où les groupes se succèdent tous les 30 minutes, exactement, et jusqu'à minuit. On m'invite à danser pour deux danses. J'en bave pour la première (une phonétiquement "polska") qui n'est pas un pas de polka, doublée par intermittence avec un pas à trois temps, un rapide et l'autre lent sur deux temps, en jambes opposées avec la partenaire. Plus facile la deuxième, une polka à deux pas qui serait une polka piquée en Poitou. Ici le piqué est remplacé par un autre mouvement spécifique.

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au cœur du jardin du lycée planté de pommiers

"Mona and the icibrakers"

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une des salles de danse, ici la plus grande, hexagonale, entièrement de bois, à un rare moment avec peu de monde pour se rendre compte des proportions. Puis un groupe parmi de très très nombreux.

 

Samedi 22 juillet

Journée sous l'emprise de la flemmardise sans scrupule (je commence juste à y parvenir) et de la pluie sans discontinuer, battante jusque vers 17 heures, crachouilleuse jusqu'au lever le lendemain. Pourtant je l'ai adorée, je la chéris encore en souvenir. Ici, l'ensemble des intervenants, majoritaires, les spectateurs, les exposants et les organisateurs doit compter 200 personnes au maximum. Tous se connaissent plus ou moins : ce festival a lieu tous les ans depuis 2011 et le monde des bals folks et musicos d'arts et traditions populaires est petit. D'ailleurs, à la réception du camping, on m'a pris pour un festivalier : la deuxième nuit à 50KRS (4€50 !!!). Hier, tous se sont habitués à ma présence incongrue, mon habillement décalé (guêtres, cuissard cycliste). Aujourd'hui je fais partie du paysage, pantalon bicolore norvégien (donc pas du tout suédois), parka maculé vert pomme verte et un des rares sans parapluie. Une des "maisons à danser", celle sans sono, à la scène couverte mais à la piste à ciel ouvert, se voit convertie pour cause d'intempéries en salle de pique-nique. J'y déjeune avec un peu de pain et fromage (détail qui aura son importance demain). Surtout l'endroit est bardé de prises électriques , et un seul coin, oh merveille par sa proximité avec le kioske de réception du camping de l'autre côté du mur de bois et du chemin, laisse passer le wifi. Reprenons : je suis abrité de la pluie, j'ai une vue sur une des scènes, je recharge les batteries, j'ai du wifi. Ma journée fut donc dévolue à l'alternance de spectacles tous gratuits (chants, instruments à bec, école de violon, diverses prestations de groupe... mais toujours beaucoup de paroles en Suédois), la mise à jour du site et quelques discussions dont une en Français avec une dame de 82 ans, née au Congo d'un couple de missionnaires protestants.

Le soir, je m'offre un plat en demandant devant la liste incompréhensible (hors burgers) "le plus traditionnel suédois". Je me suis vu affublé d'une assiette creuse contenant une grosse boule de mie de pain, tassée, cuite à l'eau. C'est pas bon (comme la tarte au concombre), du tout, mais après, effectivement, on a plus faim. Par contre elle baignait dans un mélange délicieux de compote de framboise et de confiture de fraise.

La soirée fut enchanteresse dans le plus grand bâtiment puis au sein de quelques autres ateliers. Décrire la musique traditionnelle rurale et la spécificité des pas d'une petite dizaine de danses différentes, le bonheur et le plaisir que j'y ai pris me parait presque impossible. Je me borne ici à l'inventaire de la composition des groupes qui se sont succédés toutes les demi-heures (très précisément, sans heurt, sans réclamation, sans tricherie : ce n'est pas un pays latin) pour le bal :

1er groupe : pas vu (je me suis fait prendre de vitesse)

2ème groupe : 2 violons, 1 harmonium à pédales, 1 contrebasse

3ème : 2 violons, 1 guitare acoustique, 1 basse acoustique, 1 accordéon chromatique

4ème : 1 violon, 1 machin (1)

5ème : 6 violons, 1 machin (1), 3 accordéon chromatiques et 2 accordéon diatoniques, 1 contrebasse, 1 hautbois, 1 voix féminine vaguement yodel

6ème : 2 violons

7ème : 1 homme seul, au centre de la piste, qui fait danser tout le monde avec sa voix vaguement yodel en alternance avec un harmonica (splendide, époustouflant)

8ème : 2 accordéon chromatiques, 1 contrebasse, 1 mandoline

9ème : un violon seul

> l'atelier où je suis resté le plus longtemps : bœuf 5 violons, 1 parfois 2 machins (1), 3 accordéon chromatiques, 1 trompette, 1 guitare acoustique, 1 harmonium, parfois un hautbois.

(1) ça pourrait ressembler de loin à une vielle sans roue, mais plus longue. Ce n'est pas un luth, ni une cithare. De près, ce pourrait être une sorte de violon mécanique. On voit pour la main gauche 1,5 octaves de 19 touches, mais en réalité il en existe dessous 4 rangées, soit semble-t-il 6 octaves pour 76 toutes petites touches ! Leurs rôles seraient donc soit de libérer certaines cordes, soit d'en rendre certaines insonores. Les cordes sont au nombre de 12 divisées en 2 groupes, plus 4 autres au centre comme bourdons d'harmoniques. La main droite tient un archet plus court que celui du violon. Un professeur de Français à la retraite, de plus de 70 ans (mais qui continue à travailler 4 heures par semaine) est venu s'assoir à côté de moi pour discuter. Concernant le sujet du machin, il me dit qu'il s'agit d'un instrument traditionnel spécifique Suédois, originaire du XVIIème de la région d'Upsala. Son nom (que j'ai oublié, genre phonétiquement niklararpa) signifie "harpe à clés" mais il ne s'agit pas de cordes pincées (peut-être toutefois une analogie avec le mécanisme de la harpe à pédales).

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un des nombreux concerts

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l'espace central

vidé sous la pluie

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la salle de l'atelier "apprentissage ou leçon ?"

(exceptionnellement vide)

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b  a  l    e  t    l  e    m  a  c  h  i  n

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Dimanche 23 juillet

Ciel très chargé toute la journée, il aura la bonté de se retenir jusqu'au soir.

Le matin au camping, je prépare tout de l'intérieur de la tente. Le bazar s'accumulant, c'est toujours long et fastidieux lorsque je reste deux nuits au même endroit. Reste le pliage de la tente au double-toit humide que je repousse à juste avant le départ.

J'essaie la maison restaurant en quête d'un café. Fermée, pourtant je remarque des personnes qui s'y sustentent. La responsable m'explique qu'il s'agit de la cantine gratuite pour les musiciens intervenants, mais me propose un petit-déjeuner complet pour 80KRS (7€) : c'est surtout la composition qui me fait accepter. Dès ma validation, la personne me demande (en anglais) "Voulez-vous du fromage ?" et sans attendre ma réponse "Etes-vous Français ?" : elle m'avait vu hier manger mon pain et fromage quotidien et avait déduit que seul un Français pouvait en manger autant ! Le petit déjeuner est ici de type international mais tous avalent au début la même chose : du yaourt (blanc, nature, un peu liquide, un peu fermenté vaguement aigre) dans une assiette creuse. Ils rajoutent éventuellement de la compote de fruit rouge, des céréales ou des fruits. Ça se mange à la cuillère à soupe ou déposé sur une biscotte suédoise.

Le soir je me rends à un abri, plutôt vieillot et pas entretenu, qui me convient. En effectuant ma petite balade habituelle avant installation, je remarque que la commune a fait de gros efforts en équipements, qualité et quantité, aux bénéfices des jeunes et des écoles (l'extérieur est toujours ouvert, toute l'année, 24h/24, sauf pendant les cours). Hors dans ce cas, l'abri municipal (non pas "Komune" qui équivaut à un canton en France) est à l'avenant. Devant la seule (micro) supérette fermée au wifi ouvert (!), je fouille la carte. Bingo ! Un autre abri à 420 mètres : neuf, foyer central couvert, petits bois (bouleau) et bois secs (sapin, bouleau, merisier) à disposition, électricité (!) dans les vestiaires ouverts (et local de lance-à-eau) du terrain attenant de hockey sur glace. Je me délecte d'une belle flambée en regardant narquois tomber la pluie qui débute.

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j'aurai dû planter là

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c'est mieux ici

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Lundi 10 juillet

Au matin, je ne sais pas si je vais rester au même endroit ce soir. Je termine dans une station-service mes travaux sur ce site en bouclant la semaine. Il manquait les textes et photos de dimanche. Comme il s'agit d'une relative grande ville, j'avais espéré un réparateur vélo, sans succès. Par contre, j'ai pu nettoyer au karcher le plateau, la chaîne et le pignon (sauf côté Rolhoff pour ne pas abîmer le joint d'étanchéité) mais en soulevant le vélo par la selle (ce qu'il ne faut JAMAIS faire) un des deux montants métalliques sort de son manchon solidaire du cuir. Sur la route du retour vers ma tente cachée, je ne trouve pas vraiment la position inconfortable : cette constatation aura plus tard une conséquence inattendue. Il est 16 heures, trop de soleil et trop haut pour faire des photos, chaleur insupportable dans la tente et aucune ombre sur la plage. Je décide de boucler puis d'utiliser la seule table avec bancs de l'endroit pour déjeuner et réparer la selle. Pour ce faire, je laisse le vélo debout, détend complètement le cuir par la vis de bec, me penche du côté désolidarisé pour le réengoncer sans pince (ne pas dégrader le cuir) à une main et un coude.

Je pars sous chaleur estivale pour une demie journée avec un objectif faible de 40 km afin de rejoindre la petite ville de Ylläsjärvi qui présente sur la carte des avantages non négligeables : lac et abri. Surtout la route 80 qui sépare les deux agglomérations borde un parc naturel, ce qui signifie pour moi ours, donc pas question d'y dormir. J'avance assez vite dans un environnement ennuyeux de forêts sapinières, malheureusement souvent défigurées par des coupes complètes jonchées de petits bois et souches hautes ; également, peu de rivières, lacs ou clairières. Par contre, je constate que désormais ma position sur la selle est inconfortable. Et si... À la faveur d'un arrêt à l'ombre pour me désaltérer, je fais le tour du vélo, me penche : l'autre côté de la selle est sorti de son emplacement. Plus grave, l'absence de trace sur le métal (pas de rupture de couleur d'oxydation) prouve que cet état date. Ce n'est ni l'endroit, ni le moment pour réparer, mais  se pose la question d'une possible cause à effet concernant ma lombalgie.

Le village de 714 maisons pour 300 habitants (panneau infos touristiques, où on voit bien aussi la proportion de "maisons secondaires") est lui aussi dominé par une station de ski, Ylläs, mais fermée l'été et beaucoup plus traditionnelle l'hiver (ski telemark, ski à chien, ...). L'abri se situe au centre d'une somme d'aires de jeux pour enfants et en bordure de plage sur le lac. Je me suis baigné avec des familles, puis ai vu défiler les ados, puis des jeunes couples, puis un grand nombre de vacanciers finlandais et estoniens, en camping-cars, voitures et vélos qui ont stationné pour la nuit. Ayant enfin compris que les maisons alentour sont toutes vides (sauf une, la dernière, après un long temps de recherche d'eau potable), que la "municipalité" pousse à cette pratique de camping sauvage pour faire vivre les trois seuls commerces (supérette, magasin de souvenirs, location de vélos VTC l'été, skis l'hiver), je plante ma tente sous les arbres pour l'ombre matinale (sinon la tente devient un sauna), à quelques mètres de tables de pique-nique et à deux mètres du lac !

Depuis quelques jours le duvet n'est plus nécessaire. Je m'endors généralement nu, me couvre un peu et rentre dans le sac à viande en milieu de "nuit". Le duvet devient parfois nécessaire une ou deux heures avant le lever si la tente est bien à l'abri du soleil nocturne (oui, je sais) et matinal.

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ma tente vue du bout de la plage      (agrandir et chercher. Désolé pour la diffraction)

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la plage de Kittilä

avec vue sur le pont

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lecture en Finnois

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vue dans les hautes herbes (serpents, taons, moustiques, mouches, tiques)

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la plage vue du pont

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je devais dormir dans cet abri

puis j'ai opté pour 30 mètres plus loin

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vue de ma tente (après le bouquet d'arbres devant la première photo)

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la plage... et un renne !

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baignade

à Ylläsjärvi

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Mercredi 12 juillet

Journée consacrée à :

> un réparateur vélo qui me résout le problème de la béquille. Reste 1) frein ; 2) cale-pieds ; 3) réducteur de direction.

> me promener, majoritairement à vélo

> avancer sur le site

> discuter avec un couple de jeunes retraités Américains à vélo qui font Malte > Cap Nord > Tromso. L'année dernière ils ont fait la Patagonie, celle d'avant le Sud-Est asiatique, encore avant le Canada.

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la "cabane-à-feu" en construction, au camping, avec vue sur le fleuve Torne

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fréquent : laisser trainer un jeu d'enfant

pour faire ralentir les voitures

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fréquent : limite de propriété

marquée seulement à l'angle

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fréquent : le cerf-volant pour faire fuir les oiseaux (pas de barrière = pas de renne)

 

Mardi 11 juillet

Cette fois je consacre les premiers temps après le lever à des travaux bien précis :

1) la selle. Je place mon vélo à l'envers et refixe les deux manchons de supports du cuir sur les étriers. C'est bien plus facile d'enficher les deux d'un seul coup que de vriller un seul pour le forcer à entrer. Disons tout de suite le résultat : j'ai moins mal au dos, je n'ai plus du tout mal à l'intersection du mollet et genou gauche. Je me demande aujourd'hui, un peu en colère, si cette selle qui n'a donc été longtemps pas droite (sens gauche/droite de l'assiette arrière) n'est pas responsable de mon déplacement lombaire, voire même de ma faible moyenne kilométrique en forte côte.

2) j'offre tout mon matériel de pêche, dont je ne me suis jamais servi, à deux jeunes garçons d'un couple finlandais de six enfants.

3) j'expédie un colis de 2kg (exactement 2000g, sans le vouloir, une fois fermé, alors que le faible prix s'étale de 500 à 2000 g !) composé de différents objets en surnombre, notamment trois sous-vêtements et trois paires de chaussettes)

4) je nettoie le côté (Rohloff) du pignon (celui qu'on ne doit pas nettoyer sous pression type karcher) et huile l'ensemble plateau/chaîne/pignon. Note : tout se graisse sur un vélo mais pas la chaîne. Rien ne s'huile sur un vélo, sauf la chaîne.

Le tout s'est déroulé tranquillement, cool Raoul, dans l'ordre et sans heurt, armé d'un café, puis d'un deuxième, de la supérette-poste-café attenante. Je pars à midi (même pas honte !), délesté d'environ 2kg250, sur une selle en velours et un doux chuchotement de roulement, par grand chaud soleil et vent de face (on ne peut gagner sur tous les tableaux).

Les objectifs de la journée ne sont pas si simples :

a) rejoindre Kolari à 36 km et sa promesse de réparateur vélo (freins, béquille, réducteur de direction, cale-pieds)

b) passer en Suède, 4 km de plus

c) au plus loin, rejoindre Pajala, encore 24 km

La route jusqu'à Kolari est moins rébarbative parce qu'entrecoupée de clairières, mais surtout l'exploitation forestière devient globalement mieux maîtrisée par des coupes partielles laissant une forêt plus aérée, au sol moins chaotique. Par contre dans la ville, point de réparateur vélo. On passe de Finlande en Suède par un pont au dessus de la  large rivière Saaripudas. La suite est du même acabit quant à l'omniprésence de la forêt. Les maisons suédoises, si comme partout elles sont éloignées les unes des autres, semblent plus souvent être celles principales, aux jardins mieux tenus, presque précieux comme aux Pays-Bas et au Danemark.

Au sortir de la forêt, l'arrivée à Pajala est soudaine par un grand beau pont enjambant le majestueux fleuve Torne. Ne trouvant pas le lieu de plantage adéquat, je me renseigne auprès du seul camping. Il s'avère magnifique, le terrain dévolu aux tentes au plus près du fleuve, à prix un peu chère (200 KRS ; 11,45 couronnes suédoises pour faire 1€ ; soit 17€50) incluant les douches sans surcoût) mais surtout je suis accueilli en Français avec moultes sympathies. Le camping est de type familial, tenu par des Belges originaires de Gand. À priori pas d'ombre, sauf un seul point près d'un majestueux sapin, où je calcule à moins d'un mètre près, boussole étalonnée à plat dans l'herbe, pour obtenir à 9h la fraîcheur de l'arbre au soleil de plein Est. En discutant avec le patron, on m'informe qu'ici dans quatre jours débute la première nuit (plus tôt pour moi qui descend plein sud), qu'ici l'enneigement annuel dure jusqu'à 7 mois, que -30° est possible.

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la vue de ma tente

(au fond à droite, l'abri où je devais dormir)

réparation et entretien du matin

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exemple de coupe respectueuse

exemple de piste pour motoneige

exemple de maison résidentielle suédoise

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le Scrabble en Suède possède plus de A qu'en France

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du pont de Pajala sur le fleuve Torne

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la "cabane-à-feu" en construction, au camping, avec vue sure le fleuve Torne

 

Jeudi 13 juillet

Le ciel est très couvert mais ça devrait tenir jusqu'à ce soir. En fait, non, il pleut une heure après le départ, ça continuera en pointillés, s'arrêtera dans la nuit à venir. La journée sera donc terne mais j'ai apprécié successivement trois arrêts bus pour m'abriter. Au petit village de Korpilompolo, à la faveur de quelques courses, je rencontre deux des quatre personnes parlant français : un franchement sympathique Congolais-Kinshasa et l'unique ancienne professeur de français. Elle m'indique un lieu de plantage quelques kilomètres plus loin. Il s'agit d'une plage désaffectée au bord de la rivière Finni (Finnijoki) dotée d'un vieux bâtiment intégralement en bois de cinq très petites salles : l'antichambre du sauna, le sauna, un local technique et deux vestiaires. J'abrite mon vélo dans l'un d'eux et plante la tente à l'intérieur de l'autre. 

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pliage du matin...

l'emblème de la ville

(message personnel)

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ma nouvelle béquille

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ma signalétique anti frôlement de véhicule, un jouet (pisse-cane) à 4 € en Finlande, qui fonctionne d'enfer (même les caravanes, les camping-cars et les Finlandais. Reste les BMW toujours dangereuses). Il est rétractable (carreau : 35x35 cm)

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étude de cas : une toute petite garderie / école maternelle

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étude de cas : une toute petite école primaire (qu'on rejoint par l'unique piste cyclable du village), son aire de jeux (prolongée par le bois derrière, éclairée par des lampadaires), sa piste de hockey  (sur glace -lance-à-eau non visible, sur neige -6 mois de l'année-)

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rappel à tous

(bien regarder les 3 logos)

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parking du personnel

12 bornes de rechargements électriques pour 12 places de parking

 

Vendredi 14 juillet

Objectif inverse aujourd'hui : retraverser le cercle polaire arctique. Cette fois ce n'est pas en mer (à l'aller sur un bac) mais sur la 392, jalonnée par un panneau sur un parking, à approximativement 66°33' (1)

Je traverse Överkalix  où je refuse un camping à 300KRS (26€ la nuit, les voleurs), où je visite le marché qui anime toute la ville, où je perds mon temps à la recherche d'homéopathie et de réparateur vélo. J'opte ensuite pour la petite route à l'Est du fleuve (rive gauche) pour ne pas planter (trop ceci, pas assez cela) avant le pont qui l'enjambe pour Mörjarv. Je vise avec espoir, inscrit en commentaires sur la carte, un "abri avec table-à-feu, WC et services" d'un parking sur l'E10. L'endroit, outre une table et des poubelles débordantes, n'offre rien d'autre, si ce n'est le bruit immédiat de la circulation. À contrario, il domine des rapides : le fleuve précédemment serein devient impétueux. Déçu et fatigué, je rebrousse par un chemin sans issue jusqu'à la première maison  pour y demander de l'eau. Un homme seul m'invite à rentrer pour remplir mes gourdes. C'est un chasseur et pêcheur. Depuis sa retraite, sa vie est entièrement tournée vers ces passions. Il arbore dans son salon nombre de trophées, dont un crâne boisé d'élan, un glouton empaillé et des photos avec des animaux morts (ainsi qu'une vue du phare de Molène !). En outre, il m'informe de la mort de son chien, il y a trois ans. Il a été tué par un ours. Où ? Ici, au fond du jardin, dans son bois qui descend immédiatement sur le fleuve ! Euh... Mais... Je m'excuse de vous demander pardon (2). Là où je dors le soir ? Au plus près d'une route et d'une rivière, pour, justement, ne pas croiser d'ours ? L'homme m'explique que ce type de rencontre ne peut avoir lieu qu'en hiver ou au printemps enneigé, que quand la majorité des maisons sont inhabitées (3), la route presque déserte, et surtout en présence de chien. L'ours est pourvu d'un odorat exceptionnel mais d'une vue déplorable. S'il est débusqué par un chien, ce dernier fait sans cesse l'aller-retour vers son maître, réduisant à mesure la distance entre l'homme et la bête, lui chargeant à l'aveugle.

À ma demande, il (l'homme, pas l'ours) m'indique un "campfire" de l'association locale de pêche, à 3 km. Après plusieurs explorations infructueuses, je découvre à 5 km, entre l'ancienne route et le fleuve, au cœur de la forêt, des toilettes exactement au milieu de nulle part, puis, suivant un sentier à peine marqué, un magnifique abri, ses bancs et un feu. L'ensemble domine le cours d'eau majestueux, juste après les rapides, à la perpendiculaire du premier contre-courant. On ne peut mieux rêver. Pour la deuxième nuit consécutive, je plante ma double toile sous une toiture ! (j'adore).

(1) les cercles polaires ne sont pas des parallèles (non parallèles, de peu, aux parallèles). Leurs positions varient selon l'inclinaison variable de l'axe de la terre, comme le manche de la toupie. Le cercle polaire, ici arctique, délimite l'endroit où il existe seulement dans l'année une journée sans nuit (au solstice d'été, et une sans jour au solstice d'hiver). En réalité, de visu au sud de cette ligne, la nuit noire est longtemps remplacée par une "nuit grise" tant la luminosité du soleil  très proche sous l'horizon persiste par diffraction.

(2) Coluche

(3) rappel, le sport national en Scandinavie est de rejoindre en fin de semaine chaude et ensoleillée la "résidence secondaire" qu'est souvent la maison héritée, la "cabin" chérie, les cabanes de chasse ou de pêche.

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ma cabane au fond des bois

exemple de sur exploitation forestière

aux stigmates effrayants

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Polcirkeln (Suédois) ;  Napapiiri (Finlandais) ; Polarkreis (Norvégien)

paysage en bord de route

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mes voisins les plus proches

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les rapides s'assagissent

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le "campfire"

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plantage à l'intérieur

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au lit !

de nouveau

(derrière le monsieur pas peu fier)

 

Samedi 15 juillet

S'il y a eu une partie sombre (30 mn ?) cette nuit, je ne m'en suis pas aperçu. Le soleil rit largement ce matin au travers des feuillus et résineux, en surplomb du fleuve scintillant. La E10 déploie un trafic important mais la route est large. Je supporte par contre moins bien le bruit des pneus et des moteurs. Aussi je m'applique à rallonger l'itinéraire en choisissant si possible, ici et là, l'ancienne route en terre battue. Je parviens à Töre (dire "Teuré") pour trois heures de travail sur ce site dans une station-service. Je bous parce que depuis ce matin je sais que je vais réaliser un autre de mes objectifs : voir le cap le plus nordique de l'Union Européenne. Je m'y rends en quelques minutes (voir photos).

Ensuite, l'affaire se complique (1). Retour à Töre pour choisir entre la E10/E4 (les 2 en une, ça aurait dû m'éveiller des soupçons) pour Luleå (dire Louléô) en 55 km, presque plat et bord de mer, ou, la route cyclable en 77 km, DC+220m en campagne : je choisis la voie rapide. Mal m'en prend, les voies sont séparées par une structure métallique qui empêche les véhicules de s'éloigner de moi en doublant. Après 4 km de calvaire, je fuis à la première sortie part une unique route bucolique qui me ramène à... Töre ! L'option se révèle, différemment, aussi éprouvante : terre battue et gros gravillons, seul par contre, intégralement en forêt, pendant 15 km.

En demandant de l'eau à l'unique maison habitée du parcours, on m'informe que le goudron fait son retour dans 300 m, là où la municipalité a créer un "campfire". L'endroit, en bord de petite route de campagne qui mène nulle part, se révèle idyllique : quatre petits merveilleux bâtiments de rondins d'une qualité exceptionnelle, sur une grande place herbeuse entretenue (moins de moustiques), dotée de plusieurs tables, foyer à feu, réserve de buches ; le tout en bord de rivière et sa petite plage. La soirée fut sympathique autour du feu (moins de moustiques) avec une famille Suédoise (parents et deux ados venus pêcher et pratiquer le sauna) et une famille Néerlandaise (parents et très jeunes enfants en camping-car qui ont tout vendu pour émigrer et siogner demain une maison dans les environs).

(1) chef-lieu Ajaccio - Didier Hibert -

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paysage au réveil (oui, je sais)

deux huskis attendent leurs maîtres

à la station-service

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ls stations de recharge électrique ne sont pas pas rares en Finlande, fréquentes en Suède, extrêmement nombreuses en Norvège.

Les stations Tesla me semblent particulièrement majoritaires.

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les caps marins les plus au nord de l'Union Européenne

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la bouée de partage des eaux

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le sauna

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une des deux chambres

(secours d'hiver anti ours)

les toilettes (au mur une gravure de la famille régnante Bernadotte d'origine française

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la réserve de bois

la cabane de repos et/ou d'abri

(j'hallucine)

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la table à feu

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la plage

(eau couleur réelle : sable fortement ferrugineux)

 

Dimanche 16 juillet

Je quitte à regret ce merveilleux site de campement. Avec de l'électricité et du wifi en plus, j'y passais la semaine ! Le ciel est bas ce matin, mais il ferait même trop chaud sans ce petit vent de face. La campagne me ravit, désormais pleinement agricole avec champs et balles de foin ensachées de plastique blanc, malheureusement souvent celles d'un ou deux ans : ici aussi les non reprises de nombreuses fermes sont évidentes.

À Råneå (dire Rônéô), la pluie s'invite et de surcroit mon compteur tombe en panne : je dois désormais tout calculer sous OpenRunner quand j'ai du wifi. Le reste de la journée est à l'avenant en approchant la grande ville Luleå : impossible de trouver un lieu convenable de plantage. Je perds du temps et finis sous pluie copieuse (mais il ne fait pas froid) au troisième essai en bord de lac de ville, dans les roseaux, près de la circulation automobile. Hier un des meilleurs spots du voyage, aujourd'hui un des pires.

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fleur ou fruit ?

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essai de traduction : "Un été à Paris". Perdu : "Un atelier à Paris".

(titre original "Un appartement à Paris")

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(1) "C'est nouveau. Ça vient d'sortir" - Coluche -. Cette journée compte pour demie dans les moyennes

Lundi 3 juillet

Le syndrome du "je reste ici à vie" recommence. Heureusement j'ai trop mal au dos. Non seulement je me sens comme un grand-père mais là, même se lever à partir de la position assise est un véritable problème. Pourtant, petit à petit, les muscles se réchauffent, la douleur devient tolérable, puis se fait oublier. Ce qui m'ennuie, c'est une autre douleur qui elle par contre va croissante, en haut du mollet gauche prolongée derrière le genou puis le bas de la cuisse. Pour terminer sur le sujet, au cour de cette journée longue en kilomètres, je constate que plus je pédale moins j'ai mal au dos et plus j'ai mal en haut du mollet. Arrive le moment où je trouve enfin la cause et la solution. Depuis quelques semaines, j'ai expérimenté une technique entendue sur un ferry par un cycliste suisse. Il s'agit, en côte, de caller les fesses (les deux os) derrière la selle. La distance avec la pédale augmente, la poussée (dessous de pied) et le tirage (dessus de pied dans les cale-pieds) deviennent plus efficaces... au détriment des tendons que j'ai martyrisés, à l'encontre aussi de la parfaite étude posturale de mon vélo sur-mesure. Dès que j'ai cessé de pédaler jambes hyper tendues, la douleur à gauche s'est amoindrie. Désormais je traite matin et soir les zones douloureuses avec mes synergies d'huiles essentielles, mais je ne peux plus doubler en homéopathie avec de l'arnica montana dont je viens de finir le tube, en attendant une ville dotée d'une "apotek" (Norvégien) ou "apteekki" (Finnois).

L'objectif aujourd'hui n'est pas des moindres : quitter la Norvège pour entrer en Finlande, visualiser le point le plus nordique de l'Union Européenne, et refranchir en sens inverse le 70ème parallèle.

À la première supérette, la seule finlandaise de la journée, je constate immédiatement que les prix sont beaucoup plus bas qu'en Norvège : un peu moins les fruits et légumes, 30 à 50% les produits alimentaires courants, 2 à 3 fois la viande et le poisson. Et l'alcool, probablement, vu le nombre impressionnant de Norvégiens qui en achètent.

Le soir, le long du fleuve Tana, pardon, Teno, puisque je me trouve en Finlande, en face c'est la Norvège, je découvre par hasard un Gapahuk (même mot d'origine Same, dans les deux langues) au ras du fleuve, où ravi j'y plante ma tente, avec la technique éprouvée au Danemark (tente non autoportante à l'intérieur du shelter). Et pour le (ou la ?) Tana / Teno, ce sera Deatnu dans une des quatorze langues Sames (dont deux éteintes).

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prêt à partir

devant la cabane-à-feu

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pause déjeuner

ça donne envie

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adieu mer de Barents, presqu'île, fjord et ville de Varanger

un des nombreux paysages de lacs au col

entre Varangerbotn et Skippagurra 

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frontière côté norvégien, bureau de déclaration ouvert 4 heures, 1 jour par semaine

frontière côté finlandais

une des rares maisons du point le plus septentrional de l'Union Européenne

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g a p a h u k   d u   j o u r

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barque traditionnelle de lacs et rivières

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adaptation pour moteur

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adaptation pour entrée de "cabin"

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Finlande

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Mardi 4 juillet

J'ai mieux dormi, la douleur lombaire toujours handicapante au réveil, s'estompe ensuite. Le genou s'est presque totalement fait oublié ; c'était bien dû à une mauvaise position sur la selle.

Je quitte le fleuve à Utsjoki, maintenant c'est la Finlande partout. Les paysages changent ; les montagnes sont un peu plus basses, plus arrondies, beaucoup moins chargées en névés. Surtout les sapins, seulement à basses altitudes, font leur apparition. Contrairement au sud de la Norvège, il semble qu'ici leurs pousses soient plus erratiques : certainement moins d'exploitation forestière de type industriel.

Le soir, j'effectue un petit détour par une ancienne route où je découvre une ancienne aire de repos, des toilettes bien tenues et un ensemble table et bancs, malheureusement pas d'abri excepté celui de l'ancien pont défraichi en bout de sentier. J'y salue un voyageur à vélo. Il s'agit de Timo, un Finlandais d'Helsinki, photographe professionnel, qui effectue de nouveau, cette fois pour fêter sa retraite, un tour de Scandinavie. Il a planté avec une, très séduisante surtout en poids, "Soulo" 4 saisons d'Hilleberg. On peut découvrir quelques images sur kuvataiteilijamatrikkeli.fi/taiteilija/timo-setala.

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un vieux pêcheur du matin, très près de ma tente, rapporte ce saumon (longueur = 2/3 de la largeur de sa fourgonnette)

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adieu Norvège, de l'autre côté du fleuve

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1ère ligne en Finnois (langue probablement de type ouralo-altaïque)

 2ème dans une des langues Sames (origines très contreversées)

 

Mercredi 5 juillet

J'ai à nouveau mieux dormi, les douleurs se régularisent.

La journée commence de la façon que je n'aime pas : la pluie. Elle oblige à beaucoup mettre en œuvre de l'intérieur de la tente : pliages, compactages, rangements, remplissages des sacoches (sauf la tente elle-même, évidemment). Chausser et recouvrir des guêtres, enfiler la veste puis pour finir le surpantalon. Ainsi armé, engoncé, il faut se résoudre à plier la tente humide. Le problème ? Il n'y en a pas eu : je n'ai pas eu envie d'aller aux toilettes avant...

Peu à dire sur le pédalage à suivre où il s'agissait d'atteindre le plateau composé de nombreux lacs et zones marécageuses, bordé de peu d'arbres, surtout des bouleaux, le tout sous un ciel bas et pluies presque continuelles. Suit une vague descente globale, ridée de différentes petites ou durables côtes où les sapins et les maisons réapparaissent. Sortie d'on ne sait où, une sorte d'auberge et sa promesse de café. Le lieu est accueillant, tenu par une femme d'origine Estonienne. Le café s'achète à un prix normal, le deuxième à 1€. Le wifi se révèle d'accès direct avec des prises électriques à disposition. Surtout la salle de "self" borde par de larges fenêtres des mangeoires garnies de graines où nombre d'oiseaux et des écureuils, viennent se nourrir. Des hommes attablés engagent la conversation : il s'agit d'ornithologues finlandais et luxembourgeois, de photographes animaliers allemands, et d'une star dans son pays : le bagueur finlandais d'aigles royaux, qui, me dit-on, va prochainement atteindre les 1000 bagues en 35 ans d'activité. Le café devient gratuit. À l'heure du dîner, on m'apporte gratuitement deux poissons, des perches du lac attenant, fumées à l'instant.

Le lieu ouvert toute l'année se révèle un hôtel avec sa salle propre, une auberge et son self, un camping au sens huttes et cabines à louer. Il est orienté, outre la pêche comme partout ici, vers le tourisme ornithologiques et celui des aurores boréales avec des huttes spécifiques. Bien que je n'ai vu aucune caravane, aucun camping-car ni aucune tente, je cède à l'appel de la facilité pour planter dans ce décor de rêve : 10€, cuisine, salle de pause et douche incluses.

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armé sous la pluie, inclus le filet anti-moustiques,

juste avant de plier mouillé

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paysage du plateau d'altitude

entre  Utsjoki et Inari

 

Jeudi 6 juillet

Comment s'inventer des raisons de ne pas pédaler ? Il va pleuvoir. Je n'ai pas terminé la mise-à-jour du site. J'ai vu des écureuils et souhaite les photographier. Quel est le prix du petit déjeuner à l'auberge ?

Je suis resté une journée de plus en commençant par dormir 10 heures, pris un petit déjeuner pantagruélique pour 8€, pris une douche, travaillé sur ce site, me suis promené, ai discuté deux heures en milieu d'après-midi avec une française, juste levée, de Nancy, en 3ème année de médecine à 20 ans, qui voyage "de nuit pour tout voir et être tranquille" et dort dans sa Polo "de jour pour être tranquille sans touriste", ai discuté avec les ornithologues et le bagueur avec photos d'un aigle, que je qualifierai d'énorme, de tout juste un an (l'aigle, pas le bagueur).

Enfin, j'ai tardivement pris conscience que ma tablette et mon téléphone m'informaient d'heures différentes. Comment se fait-ce ? Ils étaient d'accord il y a deux jours. En Norvège... Gagné ! La Norvège et la France sont dans le même fuseau, avec la même convention de décalage, plus 2 heures en ce moment (UTC+1 +été 1). Pas la Finlande qui se colle dans celui des trois Pays Baltes, la Biélorussie et la Bulgarie (UTC+1 +été 0). Pour la Suède, il faudra revenir à l'heure de la France.

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quelques piafs

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écureuil

exemples de "cabins" à louer

(en plus des habituelles huttes rouges)

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la cuisine (keittiö) et le salon (oleskelutila)

pour moi tout seul

 

Vendredi 7 juillet

Ce matin, en me baissant pourtant bien dans les règles (dos droit, pousser sur les jambes) : nouveau tour de rein. J'en aurai pleuré. J'ai pensé que c'était la fin de l'aventure. J'ai réfléchi où avais-je bien pu rangé les papiers de l'assurance-rapatriement. Mais la douleur a été moins violente, plus sourde. En quelques minutes, j'ai compris que les choses (vertèbres ?) s'étaient remises en place : je ne suis plus bloqué !!!

Compte tenu qu'il y a toujours un problème, vu qu'il n'y en a pas eu hier, alors il y en aura 2 aujourd'hui. C'est exactement ce qui s'est produit, de plus dès le départ. Avant de quitter le camping, je vais aux WC. Bon, effectivement, juste pipi, mais profitons-en pour peaufiner le nettoyage rectal, ajoutons ce produit désinfectant anti COCID qui me tend l'anus : je ne conseille pas. J'ai failli hurler et ai chanté la Marseillaise en verlan d'anglais. Le 2ème problème : se moucher. Non, non, avec du papier propre. Par contre, je sollicite compréhension quant à la mise au point oculaire d'un objet à moins de trois centimètres : il est nécessaire de retirer préalablement la moustiquaire de tête...

Cette journée restera dans ma mémoire comme celle où j'ai battu mon record de nombre de kilomètres journaliers : 110, comme rapportés au tableau en en-tête de semaine. Par température clémente (ni froid inférieur à 5°, ni chaud supérieur à 15°), sans pluie et sans soleil, par léger vent portant, sur ma E75 toujours étonnamment presque vide, je vois débouler sur ma droite la 92 de et vers le Cap Nord au plus direct : un enfer de trafic jusqu'à Inari durant 38 km, en légère descente globale, plutôt plat en bosselles non marquées, abordé en pédalant sans réfléchir pour s'en débarrasser. À Inari, je me félicite d'autant plus de choisir la 955 (dit "la piste", je ne sais alors pourquoi) particulièrement peu empruntée. C'est beau, très peu peuplé (de rares "cabins" majoritairement vides, de très rares fermes Sami), soit boisé de sapins, soit des landes marécageuses ou des lacs bordés de bouleaux, quelques cours-d'eau calmes. Je choisis un joli lieu de campement au bord d'une rivière, assez proche d'une route et d'un petit parking vide à camping-car, dans l'espoir que ces proximités éloignent les ours, plus craintifs qu'on ne croit, me répète-t-on souvent. Mais il est 17 heures, je ne suis pas fatigué. Je décide de pédaler encore. À 90 km, je ne trouve aucun lieu qui me convienne vraiment, trop ceci, pas assez cela. Bien évidement ce qui suit est pire : forêt trop sombre et profonde (à ours...), altitude (à ours...), strictement plus aucune habitation (donc ours...), plus aucune rivière. Exténué, toujours loin de tout (sauf d'arbres), je finis par planter en forêt (rien d'autre) et en bord de route au bord d'un terrain sableux en forme d'un grand arc de cercle (que je prends pour une ancienne place de rassemblement pré hivernal de rennes), où deux anciennes traces de feu de camp et trois cannettes vides d'aluminium me rassurent par leur preuve de traces humaines.

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oiseaux

adieu camping

souvent, des sapins malades

Samedi 8 juillet

C'est au moment précis, ruisselant de sueur, où je commence à ne plus supporter la chaleur, les taons et les mouches (les moustiques commencent seulement, ils sont surtout du soir) que je parviens, enfin, à Pokka (4 maisons ?) avec sa seule et unique auberge de la journée (située, hors magnifique forêt profonde, après rien, au milieu de rien, mais avant quelque chose, me dis-je) dans l'espoir d'un café. Malgré les horaires (avoinna) affichant l'ouverture, la porte reste close. Je continue donc, espérant une amélioration. Quelques centaines de mètres plus loin, je comprends la signification de "piste" concernant cette route : elle n'est plus goudronnée ! Quelques kilomètres me dis-je ? J'en ai pris 44, en terre battue compactée, secoué comme un prunier, sans aucune possibilité de plantage "nocturne" garanti sans ours. Au moment où j'en ai ras les bottes, vers 90 km depuis le matin, d'un seul coup, sans prévenir, la route redevient toute neuve, plus large, goudronnée. Le paysage change. C'est plus plat mais apparaissent les premières exploitations forestières aux stigmates peu respectueux de la nature, les maisons colorées, les exploitations agricoles, les lacs majestueux.

Un panneau m'intrigue. Je n'y comprends rien, sauf la dernière ligne : 12€. Est-ce un camping ? J'ai cru en pénétrant dans l'espace central d'herbe tondue qu'il s'agissait d'un élevage de chiens. On me renseigne gentiment (comme toujours en Scandinavie) : il s'agit d'un centre de vacances pour groupes, orienté d'abord pour l'hiver et ses sports (traineau à chien, ski de fond, etc). Ma demande portant seulement pour une nuit sous tente, on m'accepte avec plaisir... gratuitement, pour le plaisir de rendre service à un voyageur étranger. On me montre les douches, les toilettes. On s'assure qu'il ne me manque rien.

J'ai joué avec sept chiens, un chat, ai dîner au soleil du soir (peu de moustiques... parce que l'herbe a été tondue) puis me suis endormi comme un bébé après une bonne douche.

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le plantage au matin

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d'anciens lacs formant des zones découvertes, souvent marécageuses, entrecoupent les forêts majoritaires

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peu de rivières

(plus rares et plus calmes qu'en Norvège)

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le plantage du soir

 

Dimanche 9 juillet

Par un soleil radieux qui ne se démentira pas de la journée, avec la nette impression que l'été vient d'arriver, aidé d'une floraison sans pareil et d'enfants visiblement en vacances, je fonce dans l'espoir d'une supérette ouverte un dimanche matin, sans connaître les us et coutumes finlandaises. J'arrive à Sirkka-Levi, drôle de petite ville, plutôt proprette et riche, où presque tout est ouvert, y compris l'après-midi dominical. On m'apprendra plus tard qu'il s'agit de rattraper en été le manque à gagner des hivers de Covid et d'absence de clientèle Russe. En effet, il s'agit d'un centre très important de sports d'hiver (skis de toutes sortes, motoneige, courses de traineau à chiens, observatoires d'aurores boréales, autres joyeusetés pour pauvres touristes argentés). La ville, plutôt plate, est immédiatement dominée par une énorme montagne où trône d'immenses buildings modernes alpins. Mais en été ma surprise est grande d'observer des téléphériques (type œufs) en fonctionnement, plusieurs pistes sur herbe (en kilomètres) et des "serres" de grandeurs faramineuses (largeurs et hauteurs en plusieurs dizaines de mètres) sur des longueurs qui recouvrent en pointillés  les pistes : peut-être dessous de la neige artificielle ? Je veux quitter au plus vite cet endroit mais tout ici sert la finalité du lieu : des pistes cyclables à foison qui deviennent en hiver autant de pistes de ski de fond, d'ailleurs actuellement utilisées par des fondeurs sur roulettes à l'entrainement. Ces itinéraires en croisent d'autres, de motoneige avec des priorités, des panneaux, des passages différents sous ou sur des mêmes ponts.

Après 3 heures dans un self à alimenter le site, ma fuite ne sera pas productive puisque les 18 km qui me séparent de Kittilä sont une continuité dans un enfer de circulation, pour partie le long de l'aéroport international.

Kittilä semble plus ancien, tranquille. Le pont à la sortie de la ville domine la plage de sable au bord de la rivière Ounas (Ounasjoki). Des enfants s'y baignent. Je les imite, trempette plutôt tant elle est froide. Je plante dans les hautes herbes, en extrême fin de plage, le plus loin possible du panneau "no camping" (le premier que je vois traduit), à 300 mètres du seul vrai camping de la ville. Mon idée pour demain : magasin de vélo (s'il existe), entretien vélo (nettoyage chaîne, plateau, pignon, graissage, huilage) finir la semaine du site (ces lignes), faire des photos, me baigner. En trois mots : PRO FI TER (le truc que je ne sais pas faire sans culpabiliser).

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une toute petite partie

des installations de "sports d'hiver en été"

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Lundi 26 juin

Journée encore consacrée au site, d'abord dans l'entrée d'un "hôtel" (mi mini maison de retraite, mi rares chambres à louer) puis sur la seule table d'une station-service (et mi magasin de sucreries et dépannage alimentaire, mi magasin de bricolage) où je trouve le ressort (qu'on m'offre) à priori idéal pour essayer de réparer (avec 3 mains et 2 pinces, c'est jouable) dès que possible mon réducteur de direction, dans l'espoir non dissimulé qu'à l'arrêt mon destrier cesse de se ramasser la margoulette.

 

Mardi 27 juin.

Je boucle sous un beau soleil  mitigé d'un petit vent frais dans le dos. L'objectif du jour est de rejoindre la mer de Barents en travensant la presqu'île de Varanger via deux cols. Petit à petit les arbres deviennent rares, font place à des mousses seulement, puis exclusivement des roches à nu, lunaires, mâtinées de névés. Mais les difficultés se sont accentuées : le vent tourne au nord pour s'imposer de face, en côte, donc. Obligé de pédaler durement dans les descentes, la main nettement refroidie malgré le gant, je parviens exténué à Båtfjord. Je m'installe vers 19 heures dans la salle de pause d'une supérette où le wifi est en libre accès.

Je consulte hurtigruten.fr pour connaître mon horaire de départ demain ou après-demain. Mazette, vers Vardø c'est seulement à minuit trente, et ce soir maintenant ou dans 52 heures : départ donc à suivre !!! La serveuse Ukrainienne m'aborde. Elle se forme actuellement comme web-designeur et demande l'adresse de mon site pour étudier la mise en page. Pour me remercier, je suis gratifié d'un petit pain sucré à la cannelle.

Après 1h30 d'attente, je suis seul à monter à bord du Polarlys. La majorité du personnel et des passagers doit dormir. Tout est fermé ou vide. Nous sommes cinq pour des centaines de sièges. Je me pose à la place unique de proue en espérant apercevoir la baleine de Mobidic, un dauphin, une sirène, le Titanic ou un sous-marin (pas même atomique sur la fin). Surtout ne pas s'endormir.

3h30 dehors, il ne fait pas froid ici, dans une brume sans vent. Après maintes recherches je plante en bord de grève à une des extrémités des ailes de papillon que forme l'île-ville.

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les rares fleurs du plateau

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quelques paysages du plateau (pas ou peu de végétation) ou de la descente (végétation)

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histoire de rappeler que ce genre de paysage est courant, fin juin

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le bateau russe appareille

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le Polarlys d'Urtigruten accoste.                     La ville s'éloigne vue du pont supérieur arrière.                       Foule au "restaurant" du 7ème. 

 

Mercredi 28 juin.

J'arrête de lutter et de prévoir à l'avance ce que sera ma journée. Je ne sais pas si je dormirai dans cette ville de nouveau : réponse ce soir. J'avais bien rattrapé mon retard de sommeil mais voilà que la traversée du Varanger suivi du ferry nocturne me fait encore décaler : j'émerge à 11h sous un ciel bas, par 10° avec petit vent du nord, après seulement 6 heures de sommeil. Je me décide pour traiter d'abord mes problèmes de vélo : garnitures de frein, béquille, réducteur de direction, bride cassée d'une sacoche, perte d'une gourde, déchirure totale du sac de compression de la tente, manque d'une clé de 10 et d'une alein de 5.

Je demande à plusieurs passants et commerçants : dans cette "grande" ville, aucun magasin de vélo (ni vente ni réparation), aucun magasin de sport. Ça c'est fait, ou plutôt à faire à Vadsø (Vardø versus Vadsø, ne pas confondre) dans quelque jours. Je me venge en m'achetant un pantalon pour remplacer mon pantacourt peu compatible avec le froid apparent (vent du nord toujours froid, vent généré par le déplacement à vélo, toujours dans un environnement avec des restes de neige), les moustiques, les tiques. À ma grande surprise je trouve celui idéal : coupe-vent (non pas pluie, dévolu à mon surpantalon), clair (les moustiques sont attirés par le sombre), évidemment bicolore (le minimum en Scandinavie), léger, avec ouvertures latérales (idéal à vélo), beau et vraiment pas onéreux. Le problème ? La taille : je nage dans du XL, trop grand dans du L, je finis en un parfait M jambes longues. C'est certain, j'ai (beaucoup) maigri.

Je suis les anciens conseils de Thierry : le wifi des bibliothèques. Ici elle ferme à 15 heures, soit 2 heures après la fin de la journée scolaire, mais le bâtiment entièrement municipal qui la renferme comprend plusieurs services dont une piscine qui ouvre dans l'après-midi jusqu'à 20 heures. Dans ce pays, quand on demande si on peut faire ceci ou cela, la réponse est toujours la même : de longues phrases franchement teintées d'étonnements pour dire oui. Globalement le touriste est pris pour un demeuré dans une culture où les décisions sont personnelles, responsables et hautement solitaires : dans la mesure où tu ne fais aucune vague, un tu fais ce que tu veux, deux on se contre-fiche de toi et de ce que tu brasses. J'insiste pour demander s'il existe le wifi : oui en inclinant la tête comme pour parler à un sourd muet aveugle. Un code ? Un quoi ? Je m'installe dans le hall vide pourvu d'un nombre impressionnant de tables et chaises, double prise électrique à chaque fois, avec un wifi d'une rapidité jamais vue en Norvège, mieux que chez moi en filaire.

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le campement et sa vue juste derrière la colline

 

Jeudi 29 juin.

La veille couché tôt (rien à faire de gratuit ici le soir, éventuellement rien à faire même payant en semaine), je pousse la porte de la bibliothèque à 9 heures (elle ouvre à 7). Je travaille à rattraper mon retard jusqu'à la fermeture. La semaine n°13 est désormais entièrement terminée. Ensuite photos et visite la ville, suivi de re wifi dans le hall de la piscine, suivi du même sur la table extérieure pour les textes de la 14ème semaine.

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sur le thème des goélands

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Samedi 1er juillet.

Branlebas-de-combat, j'entends des gouttes sur ma tente. Je déteste plier mouillé. Windy annonce de la pluie pour 17 heures puis toute la journée de dimanche avec du vent en rafales jusqu'à 55 km/h. J'ai appris à me méfier du vent. Nous sommes samedi, les magasins non alimentaires ferment plus tôt (genre 15 heures, 16 max, au lieu de 16 ou 17), et je tiens à régler mes problèmes techniques. Levé à 7 heures, j'ai bouclé en 1h15 (record battu) en rognant sur la toilette et les toilettes, pas sur le café qu'on m'a offert.

J'expérimente immédiatement un truc génial sur 2 km de route hyper droite hyper plate, environ 25 km/h (prévisions Windy) de vent dans le dos pile poil dans l'axe : je roule à 28 kmh sans forcer. Tout commence bien puisque toute la journée sera en vent arrière (ou grand largue bâbord ou tribord selon la route), je serai à Vadsø à temps. Le problème (car il y a toujours un problème) ? Un, la météo : il n'a pas plu mais j'ai beaucoup traversé les nuages qui ont léché l'altitude zéro. Si l'eau mouille, l'humidité aussi. Deux, c'est nouveau, le revêtement de la route E75, sur genre 20 bornes, a été grignoté pour refaire l'enrobé : beaucoup plus de cahots que de nouveaux goudrons. C'est exténuant parce que les machines responsables se déplacent probablement avec des chenilles qui laissent une succession de mini bosses à intervalles hyper réguliers. Un enfer.

J'arrive dans la grande ville (effectivement Vadsø semble plus grande que Vardø) où je commence par les toilettes (gestion d'urgence, voir départ du matin) et me précipite à l'adresse du seul réparateur de vélo, hors magasins de sport, de la ville : "ça c'est bien dommage, c'est marqué, là, sur le volet fermé, sur le papier collé, ensanglanté" (1) : congés annuels du 28/06 au 10/07 ! Sans y croire, je me rends (rends-toi  Gringo, tu es fait ! (2)) à un magasin de sport :

> pas les bonnes plaquettes, ni celles de remplacement. J'achète quand même un jeu Shimano de bonne hauteur (à vérifier) mais pas en largeur (dans l'espoir de les meuler... reste à trouver une meule).

> pas de cale-pied

> pas de sangle Ortlieb (j'en ai pété une, ça fonctionne très bien en faisant un nœud, c'est beaucoup plus long à défaire, surtout quand c'est mouillé (3).

> j'ai trouvé une béquille avec une fixation qui va sur mon vélo. Elle est très peu solide et pas chère. J'ai réussi à la monter avec une clé qu'on m'a prêtée.

> j'ai trouvé un bidon de remplacement (précédant oublié dans les toilettes à Tana-bru), 750ml, transparent orange, pas cher (probable erreur de prix).

> j'ai trouvé un sac de compression étanche, le nouveau modèle de SealLine (celui de la tente , ancien modèle de Sea-To-Summit, a fini sa vie). J'ai tout testé dans le magasin. Du coup le SL reçoit mes affaires de nuit (vêtements, oreiller, sac-à-viande, duvet) et le nouveau modèle de STS acheté à Alta, ma tente. Bon, là, c'est pas donné.

> la patronne du magasin me propose une banane : j'accepte, j'ai mangé la dernière hier soir.

> je remonte mes plaquettes d'origine (X2 de Hope) avant, à l'arrière. De visu, il reste 10%. J'ai déjà fait environ 7000km avec (traversée France + tour de Bretagne + maintenant) donc je peux faire encore 700... mais il y en a plus de 1000 jusqu'à Helsinki... mais ça va devenir plus plat. Là, le freinage arrière est redevenu puissant.

> je ne parviens pas à remettre les anciennes plaquettes de remplacement arrière à l'avant : on verra demain.

>  je fonce chez un autre magasin de sport (tour de la ville terminé, pas d'autre) : rien.

Je continue ma route avec pour objectif de planter avant 17 heures. Je croise un couple de retraités allemands qui m'invitent à planter la tente dans leur jardin au retour. En attendant ils m'offrent un plat de poisson en sauce qu'on leur a offert hier soir à l'hôtel.

À l'intérieur d'un "restaurant" où je me renseigne sur le wifi, je remarque plusieurs écrans immenses de télévision, toutes en direct de caméras au fond de l'eau de la rivière adjacente pour surveiller les mouvements de saumons !

Je finis par planter dans un beau camping (par ailleurs le seul depuis 100 km). Je ne voulais pas mais, tous renseignements pris, des arguments bêton me convainquent : 115 KRN la nuit (10€, en Norvège !!!), salle de pause, cuisine, wifi gratuit, douche (4) commune libre illimitée, cabane à feu, lave-linge gratuit. Seuls les saunas sont payants, un par sexe, à 95 KRN l'heure.

Là j'écris dans la "kjøkken", trop au chaud par 20°, pendant que les batteries rechargent à l'œil. Je mange du riz laissé par des voyageurs dans les tiroirs, avec le poisson en sauce offert, avant la banane du même acabit. Demain j'ai de quoi faire du café (cafetière fournie dans la cuisine) avec deux restes différents de café moulu et des filtres (dans les tiroirs).

Le wifi est super rapide. C'est le 3ème à suivre. Je comprends que les wifi n'y sont pour rien ; en segmentant les récits de ce voyage en trois, j'utilise beaucoup moins de mémoire vive : dès que ça ramera, je segmenterai de nouveau. Pour finir j'ai bien fait d'initialement choisir la tablette non Android la moins onéreuse du marché.

La promenade digestive m'a enchanté, d'abord  par sa végétation luxuriante dans une frange toutefois restreinte à une à deux centaines de mètres d'altitude et hors plein nord. Elle a explosé en quelques jours. Les arbres, très peu altiers, se venge en se ramifiant de petites branches et feuilles à foison. Les herbes, fleurs et fougères pousseraient presqu'à vue d'œil. Bien sûr je garde ma capuche, couvre mes bras et jambes, garde mes guêtres parce qu'il s'agit là de la configuration idéale des tiques. Grâce à un vent relativement puissant sous un soleil caché, les moustiques étaient  par contre majoritairement absents. Je découvre des pêcheurs, 3 garçons, des enfants avec des vélos aux pneus gros comme mes mollets... et le fameux "gapahuk" (5). Ce samedi soir il est envahi par une horde impressionnante de jeunes femmes buvant de l'alcool en écoutant du métal. Plus loin, une autre se roule un joint dans les toilettes ouvertes.

La pluie n'arrivera pour finir, violente, que durant mon sommeil et au matin. Windy avait tort sur l'horaire, mais encore raison, y compris le 8ème de tour (45°) d'origine du vent, sur le phénomène. J'ai bien fait de faire confiance en plantant ma tente, impeccablement protégée, boussole électronique posée sur le sol, juste derrière la cabane-à-feu.

(1) Dick Annegarn, album Géranium, 1974, Volet fermé. Pour moi certainement le meilleur album en langue française d'un néerlandophone. Ça rivalise avec Brassens et Brel sans problème.

(2) pure digression sans fondement

(3) "C'est plus long, faut faire les nœuds. D'ailleurs, celui qui a 5 kilos de linge, il fait les nœuds le lundi, il fait la lessive le mardi et puis après il a toute la semaine pour défaire les nœuds"

(4) nécessaire (pourquoi les gens reculent en souriant ?)

(5) mot d'origine d'une des langues sames (sami=peuple ; same=langue) signifiant approximativement  "shelter" en anglais. Ces abris existent, le plus souvent à l'unité, dans toutes les communes scandinaves. Il s'agit pour les municipalités de fournir un endroit retiré pour que les adolescents et jeunes adultes puissent disposer d'un lieu connu de tous... pour y faire des bêtises et vivre pleinement les expériences nécessaires à l'accomplissement de leur âge. Cette manière éducative (dans les pays de l'enfant-roi, du "fais tout ce que tu veux", mais aussi "fais sans te faire voir") est toujours très présente. Sexuellement, elle est aussi à l'origine des fausses croyances des européens du centre et du sud, concernant la soi-disant liberté des jeunes femmes suédoises. Ces gapahuka sont régulièrement effacés des cartes (base OpenRunner ou Google) de façon à ne pas les voir envahir par les touristes... et préserver les jeunes des mauvaises influences des étrangers, notamment les garçons latins (pour ne pas dire français : chacun ses préjugés !). Ainsi donc, je ne divulguerai pas les abris découverts par hasard à Vardø et Vestre-Jakobselv (t'as pas 100 balles ?).

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Vendredi 30 juin.

Je décolle contre mon gré car je serais bien resté à feignanter, voire fainéanter. Ça attaque fort par le tunnel sous-marin, bien propre, qui descend raide avec la promesse de l'inverse : gagné, environ 2 km à pied avec 44 mètres de DC+ à pousser sur le trottoir. Il fait très froid mais je sue, d'abord par saturation des gaz d'échappements. Je sors de l'E75 pour l'ancienne route à Kiberg, un village magnifique, via Indre Kiberg. Après des maisons éparses nommées Komagvær, je m'arrête en bord de plage claire à une drôle de boutique : café, gaufres et hamburgers, matériel de pêche. La rivière Komagelva qui jouxte, une des plus poisonneuse de Norvège (comptage 2000 saumons à ce jour, cette année), se jette ici dans la mer ; or la licence de pêche n'est pas nécessaire en mer... Avec un café, je teste la wifi. La demande n'est pas habituelle dans les populations de pêcheurs de toutes nationalités qui gravitent ici : on me donne le code de celle de l'entreprise. Je me renseigne du prix du camping attenant : ce n'est pas un camping, c'est libre, y compris les toilettes. Dans la série "j'ai décidé enfin de me la jouer cool" (alors que j'ai fait peu de kilomètres et je n'ai pas mal aux fesses), je plante, je rédige ces lignes et surtout je vais à la chasse photographique, d'oiseaux qui pullulent ici.

À 20h30, ciel couvert, 12° à l'extérieur côté abrité, nettement moins côté vent en ressenti, j'observe au loin les côtes russes de Poselok et Vayda-Gubaz mais, un peu déçu, je ne perçois pas Sean Connery dans le kiosque de l'Octobre rouge qui sort de Poliarny.

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la ville-île-papillon de Vardø en hiver (photo de photo)

 

du parvis de la mairie de Vardø

 

Vardø vue du continent

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Kiberg

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Au RDV des pêcheurs de salmonidés

vues opposées de ma même position de la route par ciel bas : un pêcheur, un village

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"forêt" luxuriante orientée sud, rivière à saumon, bande côtière habitée, mer de Barents, côtes de Kirkenes, Russie sous les nuages

les toilettes (anciennes véritables)

d'une "cabin" (maison secondaire)

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 la rivière (fleuve, au sens français) Jakobselva à Vestre-Jakobselv

pêcheur du soir

trou de soleil sur la péninsule de Kirkenes

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l'heure où le soleil se couche-lève

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si j'ai bien compris un ado de 13 ans qui parle beaucoup mieux anglais que moi : une partie des installations qui mène à une sorte de barrage qui permet de séparer les saumons marins d'une autre espèce carnassière de la première.

 

des fougères de quelques semaines

 

Dimanche 2 juillet.

Dormir 10 heures. P'tit dèj. Ce site. Douche. Ce site. Lessive, je me baisse pour ramasser une chaussette, et clac, tour de rein. Ce site. Réparer bride de fixation centrale de la grande sacoche arrière en réduisant la longueur. Réparer, bricoler plutôt, le réducteur de direction. Tenté sans réussite de remettre les mauvaises plaquettes sur les freins avant : je ne parviens pas à réenfoncer suffisamment les pistons. Déménager mes vêtements à sécher de la buanderie à la cuisine où il fait plus chaud. Ranger l'intérieur de différentes sacoches. Compter mes sous, les répartir, pour mieux appréhender le changement de monnaie bientôt : couronnes norvégiennes > retour à l'Euro dès Nuorgam à 66 km, en Finlande. Se promener avant de se coucher. Constater que de nombreuses familles finlandaises sont arrivées, sans doute les vacances. Je comprends le Finnois quand une maman réprimande quatre petites filles : elles doivent prendre leur sauna avant de se coucher. Je les vois sortir en maillot de bain, pieds nus, et jouer à chat dehors. Il fait 7°.

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fréquent : fixations pour cannes-à-pêche

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pour mon frère : école maternelle et primaire

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le gapahuk

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le camping se remplit de Finlandais en vacances depuis peu : une tente ressente typique

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à gauche, le niveau maximum de la rivière quand elle recouvre tout l'espace central pendant la courte période de débâcle

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Lundi 19 juin.

Claire s'est levée très tôt pour préparer son vélo et nous infuser un véritable café. Nous descendons ensemble et l'aidons à installer séparément le vélo et les sacoches dans la soute déjà presque totalement pleine.

Thierry et moi remontons jusqu'à l'abri pour boucler nos bardas. Nous continuons en Hurtigruten pour juste un port de Honningsvøg (île Mager) à Kjøllefjord (presqu'île de Nordkinn). Au 7ème pont, le plus haut, je discute avec un serveur polonais, habitué désormais à ce que très souvent les travailleurs en restauration ne sont pas norvégiens. Peut-être à cause de notre odeur (...) il nous vente les mérites des services gratuits à bord, notamment la douche !  Nous descendons à la réception au 2ème pont où une employée nous déniche des serviettes propres et nous accompagne jusqu'au bon endroit. La traversée ne nous ravit guère, au centre d'une multitude de retraités blasés. Pourtant l'annonce de baleines par bâbord, des dizaines, est un ravissement : au loin, geysers d'expirations et quelques nageoires pectorales.

Après la traversée du nord-ouest de l'île, désertique et froide en altitude où je perds mon seul gant chaud, nous atteignons Mehamn à l'heure où le soleil se couche en Europe du sud, sans dénicher dans un premier temps le lieu de bivouac idéal (nous ne sommes pas d'accord). À la faveur de notre demande à remplir nos gourdes, nous pénétrons à l'intérieur d'une maison chez des particuliers âgés. C'est habituel en Norvège ; si les personnes paraissent très souvent fermées au premier abord, dès la conversation entamée, elles deviennent particulièrement sensibles à sourire et à rendre service.

Nous faisons le tour complet du port pour nous apercevoir que la presqu'île opposée, magnifique, est un camping. En le contournant, la partie accidentée entre le chemin sans issue et la grève semble à la fois du domaine public (pas au camping) et à plus de 150 mètres d'une habitation (loi norvégienne pour camper sans motorisation). Je suis reticent mais ce sera bien un lieu de campement sûr, beau et attachant.

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nous accompagnons Claire au bus de 6h55

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Thierry

dernière photo

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Mardi 20 juin

Au delà de Mehamn la magnifique, on nous vente la commune la plus nordique d'Europe, Gamvik, et son phare, Slettnes. Nous décidons de rejoindre ces lieux presque à vide et revenir par l'unique même route, pour bivouaquer ainsi deux fois au même endroit en alignant seulement 48 km mais avec 756 m de DC+ (3% sur 12 km, 2 fois). En chemin nous rencontrons une Norvégienne, aidée de deux de ses petits-fils, qui repeignent une de ses granges. On nous offre une limonade puis on nous invite à prendre le thé ce soir au retour. Au café, gratuit, du seul commerce/poste/salle communale du village, nous sommes invités à participer au nettoyage de la plage à partir de 18 heures. L'indication d'un barbecue à suivre n'est pas indifférente à l'oreille de Thierry (il mange sans cesse et est encore plus maigre que moi). Quant à moi, je suis curieux : c'est quoi un barbecue norvégien ? Du renne à la broche ?

Nous visitons ensuite le phare. Détruit par les Allemands, comme presque tout le Finnmark devant l'avance russe, il a été reconstruit ensuite à l'identique mais avec ajout de l'électricité. Sa structure est particulièrement étonnante, en fer et en cône, boulonnée à la façon Eiffel. On y monte gratuitement par des volées d'escaliers en fer et en bois qui s'amenuisent considérablement à chaque étage.

Nous participons ensuite pendant 2 heures au nettoyage des rocailles acérées, un travail pénible mais nécessaire. Pour ce faire, nous sommes gratifiés de sacs de collecte... et de gants ! Quel est le pourcentage de chance pour qu'on m'offre un gant neuf le lendemain de la perte du mien ? Le barbecue, sur braises, se compose à profusion de viandes congelées de bœuf et de grosses saucisses du même acabit, de petits pains industriels grillés, l'ensemble façon hot-dog et hamburger. On peut les assaisonner d'un nombre impressionnant de sauces en bouteilles plastiques et de quelques très rarissimes morceaux de légumes importés à prix démentiels.

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le meilleur spot de plantage de mon voyage, jusqu'à ce jour (bord immédiat de mer, sur fin de presqu'île, face au port et au village, dans l'alignement de la remontée du soleil)

et un atterrissage bi-hélices par jour

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à côté des tentes, et l'entrée du port

quelques paysages en montant vers Ganvik

"Tu habites où ?" - La seule maison sur la plage de sable blanc

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en cours de coup de jeune

('est cette propriétaire qui nous offre une limonade puis nous invite au thé du soir)

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le phare de Slettnes (le plus nordique d'Europe continental non russe)

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le phare de Slettnes (le plus nordique d'Europe continental non russe)

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la foule de 75 sujets contemple la mer

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l'école de Ganvik (la plus nordique d'Europe continental non russe)

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photo souvenir après deux heures de nettoyage de plage

et barbecue à suivre

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nous rentrons tard pour notre deuxième bivouac au même endroit

(comme toujours, couleurs réelles)

 

Mercredi 21 juin

L'objectif de la journée est de traverser les presqu'îles de Nordkinn (Nordkinnhalvøya halv=presque ; øy=île ; a=marque du pluriel). Il s'agit de monter jusqu'au plateau, de redescendre jusqu'à l'isthme, de remonter jusqu'au deuxième plateau, puis de redescendre ; grosso modo : mer > col > plateau > mer > col > plateau > mer, soit une bosse de 275 m, puis une autre de 375, le tout en 68 km et 768 de DC+. Comme à l'habitude les paysages sont à couper le souffle, comme les côtes d'ailleurs : rapidement la végétation et les âmes s'amenuisent, puis tout disparait. Franchement, la première bosse ne m'a pas surpris (18 km, +284m, 2% moyen, vent fort et froid de face), mais la seconde (6 km, +257m, 4% moyen des portions à 7, vent très fort et froid de face) m'a exténué. Heureusement Thierry est patient, il le faut parce que je pousse de plus en plus souvent.

Nous entamons la dernière descente en pédalant pour contrer le vent. D'un commun accord nous ne terminons pas la pente (il fera jour demain, ah non, ce n'est pas un argument) et plantons au bord d'un lac pour expérimenter nos premiers moustiques en réunion (la Finlande se rapproche)..

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quelques exemples de paysages omniprésents dès le dépassement rapide du niveau près de la mer avec des arbres

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sur le minuscule isthme qui sépare

les presqu'îles de Nordkinn

 

Vendredi 23 juin

Ces contrées du Nordkinn sont beaucoup moins touristiques, les habitants plus ouverts et curieux. Un homme en voiture nous double, se gare et nous attend dans le seul but de discuter : non seulement les questions habituels mais également nous parler de son pays. Plus loin les gourdes vides, nous sommes invités à pénétrer dans la cuisine où la maîtresse de maison s'affaire à préparer les mets de son anniversaire de mariage pour la petite famille déjà sur la terrasse : beaucoup de viande et, par exemple, quatre tomates coupées en dés pour 8 personnes. Nous repartons avec une poche de 6 saucisses (genre Herta mais obèse).

Nous plantons sous les arbres au bord de la rivière Tana, dînons sur le sable au vent et loin des végétations, avant le coucher immédiat dans des nuées grandissantes de moustiques.

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Jeudi 22 juin

Impossible de tenir longtemps sous la tente en plein soleil (rappel : aucune nuit) qui devient une étuve. La descente est magnifique vers Bekkarfjord. En y demandant de l'eau, nous sommes invités à goûter du saumon sauvage de mer (braconné ?) fumé du matin : un ravissement de finesse, à peine gras, à peine salé. La côte déchiquetée et verdoyante, sous un soleil de plomb à 28° à l'ombre, s'impose superbe, méditerranéenne (outre quelques névés) tout du long jusqu'à Ifjord. Il nous y est difficile de quitter la terrasse ombragée du seul commerce (essence / restaurant / café / dépannage alimentaire /  produits Sami / camping) et son accueil de tous et toutes.

Nous plantons dans la côte à suivre au bord du deuxième lac avec une recherche plus fouillée du lieu idéal : des arbres pour l'ombre demain matin. Conséquence directe : soit nous dînons chacun dans notre tente, soit nous sommes le dîner des moustiques encore plus nombreux que la veille.

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les limites des maigres forêts naturelles de bouleaux

 

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gestion de la chaleur et des moustiques

 

paysages de bords de mer

 

 

Dimanche 25 juin

Matinée consacrée à dormir (10 heures de sommeil), après-midi consacrée à segmenter les écritures de ce voyage en 3 pôles pour obtenir plus de mémoire vive donc sauvegarder plus rapidement (auparavant 1 minutes de saisies pour 3 minutes de temps de sauvegarde), soirée consacrée à dormir (encore10 heures de sommeil)

 

Samedi 24 juin

Après une matinée ensemble sur du plat vraiment plat (genre Hollande), vient la séparation à Tana Bru : Thierry fonce plein sud vers la Finlande pour un train Rovaniemi > Helsinki. Il boucle ainsi 8 mois de voyage. Je pars nord-est pour rejoindre la mer de Barents et visiter la presqu'île de Varanger (Varangerhalvøya).

Je longe de nouveau la rivière Tana, cette fois dans l'autre sens par l'Austertanaveien vers l'embouchure. C'est grandiose et magnifique, une sorte de mélange de la Loire en été et d'un fleuve russe imaginé. Je plante dans un camping qui n'en est plus vraiment un, j'y suis l'unique occupant pendant 3 nuits pour 50€ et en liquide (en euros, pour faire les courses en Finlande), douches incluses illimitées.

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dernière photo avant la séparation devant le pont de Tana (Tana bru) à gauche

 

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sur la rive opposée de la rivière Tana

(deux vues prises du même endroit à 180°)

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